DOMAINE DE LA COUME MAJOU
J’ai passé l’âge où l’on pense pouvoir refaire le monde, ce qui ne m’empêche pas de continuer à me poser des questions et à essayer de voir comment modifier un peu le « petit monde » qui m’entoure.
Ainsi, Mathieu m’a rendu visite. Il a un emploi stable et des revenus constants. Il m’explique que sa famille n’a pas de besoins supérieurs à ceux de l’an passé ou l’année d’avant et que sa cellule familiale n’a pas changé. Pourtant, d’après lui, il lui faut 60 à 80 € de plus pour remplir le caddy au supermarché. Au supermarché !
- « Ben oui, me dit-il, quand je rentre le soir, les magasins sont fermés pour la plupart. En outre, au supermarché, je trouve tout en une seule fois, ou à peu près, tandis que dans les petits magasins, je dois attendre plusieurs fois mon tour. »
Et moi ? Et bien, je vais chercher mon poisson au supermarché X car, à part la criée de Port-Vendres (retour des « petits bateaux » le matin), il n’y a pas d’alternative sérieuse. Les artisans poissonniers sont très peu nombreux, fermés dès la fin de la matinée, hors de prix et ... ils sentent. Or, ce supermarché X est un des plus gros employeurs de la région, mène une politique sociale inacceptable et pratique des prix supérieurs aux autres. Et quand j’y achète mon poisson (une fois ou deux la semaine), j’y fais aussi d’autres courses, mais rarement les produits frais. J’ai dit rarement, pas jamais.
Dernier acte : la GD est bien évidemment l’ennemi absolu de l’agriculteur, mais aussi de bon nombre de petits détaillants et d’autres commerces. Et pourtant, nous nous y enfournons tous, avec plus ou moins de régularité. S’y enfourner pour se faire entuber. Faut-il être con ?
Je vous laisse le soin des commentaires mais j’espère au moins que vous n’y achetez pas votre vin.
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Cad (mardi, 09 août 2011 19:54)
Des années que je n'ai pas mis les pieds dansun supermarché. D'ailleurs je ne fais jamais les courses. Pas plus que les commissions :-)
Luc Charlier (mardi, 09 août 2011 22:07)
Sale gamine gâtée : tu as de la chance d’avoir un GRAND chef qui cuisine pour toi et des commis pour les ... commissions. En même temps, fuck the GD !
Tiens, j’ai bu un Casot 2007 ce soir, avec une escalope de veau fermier de l’Aveyron et une ratatouille de ma façon. J’ai immédiatement pensé au CNP « Le Grand Tinel » 1990 dans sa jeunesse : du grenache archi-mûr, mais avec un petit qqchose en plus. Slurp !
Cad (mercredi, 10 août 2011 09:39)
La réalité mon cher Luc est bien plus triste que ça... le plus souvent je terminele repas du personnel. Ils ne s'appliquent pas franchement, alors imagine ce que ça peut être une fois réchauffé! mais ne nous plaignons pas : quand j'en ai vraiment marre de mal manger je passe mon après midi en cuisine...
Michel Smith (mercredi, 10 août 2011 15:17)
Ben oui, faut vraiment être con pour raisonner de la sorte (pas toi Cad, mais l'autre là qui se plaint des poissonniers. Le mien ouvre entre parenthèse à 8 h du matin et je peux me lever plus tôt pour faire des courses en marchant - ce qui fait du bien - pour acheter 4 belles lisettes à moins de 2 euros) vu que c'est à cause de la GD que nous ne trouvons plus de commerces dans les villages et que même les vieux sont obligés de faire des kilomètres en bagnole pour se ravitailler en produits merdiques. Pour ma part, à chaque fois que j'achète quelque chose dans un de ces monstrueux hypers, je m'empresse de subtiliser en marchandises nécessaires pour un montant équivalent à 10 % de ma facture. Je sais, c'est peanuts comme ils disent dans leur franglais de marketing. Mais si tout le monde faisait pareil, on pourrait faire ses courses chez un boucher, un poissonnier, un crèmier, etc. Quant aux chefs, même eux achètent le plus souvent en GD. Sauf, quelques rares specimens qui prennent la peine de se faire livrer par des artisans du pays...
Luc Charlier (mercredi, 10 août 2011 15:49)
Bien sûr qu’il a raison, le Forgeron (Ok : pour les nouveaux Michel SMITH, de la tribu de DANA qui a ses habitudes dans la vallée). Je faisais tout simplement mon auto-critique.
N’empêche, je vous expliquerai un jour comment cela marche à Coxyde (Koksijde), village natal de ma mère. Mais le supermarché est très éloigné du village, heureusement, et la marée est si bonne, en Mer du Nord !
EmbusCad (jeudi, 11 août 2011 20:34)
· "Quant aux chefs, même eux achètent le plus souvent en GD. Sauf, quelques rares specimens qui prennent la peine de se faire livrer par des artisans du pays..." nous dit Michel Smith
Je ne parlerai que des approvisionnements du restaurateur que je connais. Je ne parlerai pas non plus des particuliers, il y a belle lurette que je ne fais plus mes courses en bonne ménagère de moins de 50 ans, d’abord parce que je n’entre plus dans cette catégorie d’âge, ensuite parce que même les jours où je prépare moi-même mon repas on me livre jusqu’en cuisine les produits que j’ai moi-même commandés. La vie est donc belle (pour moi).
Pour un restaurateur, se fournir exclusivement chez de petits producteurs locaux, ce n’est malheureusement pas aussi simple qu’il y paraît. En tout cas c’est plus facile à dire qu’à faire.
Je ne vais donner que quelques exemples, pour illustrer ma réponse aux agressions du Forgeron préféré du Vigneron cul(te), qui regrette que les professionnels ne se fournissent pas chez l’artisan du coin.
Le célébrissime METRO : n’allez pas imaginer que cette enseigne réservée aux professionnels ne propose que de la merde. C’est même chez eux que désormais nous achetons certains de nos fromages : notre fournisseur habituel (sur le camion de qui sont peintes en gros les lettres formant les mots « Maître Affineur ») nous a fourni à 3 reprises et malgré notre mécontentement des fromages qui faisaient non seulement mentir son enseigne mais encore ma carte sur laquelle il est écrit : « Sélection de fromages bien affinés ». Metro nous fournit aussi nos ris de veau, parce qu’ici, on n’a jamais trouvé la qualité qui nous convienne et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Idem pour le poisson, lorsqu’il prend au Chef l’envie de mettre du bar de ligne à sa carte, il commande ce qu’il lui faut au rayon marée de Metro et revient avec la qualité qu’il a demandée. Si ce qu’on lui montre ne correspond pas à ce qu’il a demandé, il laisse sa commande et modifie sa carte. C’est tout simple.
Ici nous sommes en Aubrac. Il nous semble naturel de proposer la viande de bœuf Aubrac, Fleur d’Aubrac, et même le « confidentiel » Bœuf de Pâques au moment des cloches. En pleine saison nous achetons, chaque semaine, entre 40 et 55 kilos de filet de bœuf. Je ne connais malheureusement aucun artisan boucher qui puisse me livrer pareilles quantités, de surcroît avec une régularité dans la qualité (c’est pas parce que c’est de la viande Aubrac que c’est bon… malheureusement on nous propose souvent de la génisse fade et mollassonne ou de la vache de réforme sans plus d'intérêt) aussi avons-nous fait le choix d’avoir plusieurs fournisseurs, et ça ne nous simplifie pas la vie, bien loin de là. Parmi nos 3 fournisseurs, celui qui nous fournit les plus beaux filets Aubrac s’appelle… « Simply Market ». Etonnant, non ? et pourtant vrai.
Quant aux fruits et légumes, plusieurs fournisseurs également, du primeur en gros (l’essentiel des achats pour dire vrai) en passant par les achats de plein vent ou ponctuellement par le petit producteur qui vient vendre ses récoltes sur le marché. Ponctuellement parce qu’il est impossible de faire le marché chaque matin quand il faut ensuite s’occuper des petits déjeuners, se cramer les couilles devant le piano pour assurer les mises en place puis les services de midi et du soir, les journées n’ayant malheureusement que 24 heures. Evidemment, si vous connaissez un producteur qui accepte de me livrer 1 kg de myrtilles par semaine, un autre qui me livrera 4 kilos de fraises et 2 kg de prunes, je suis preneuse… à condition qu’ils arrivent tous à la même heure et me fournissent une facture commune… parce que je n’ai pas le temps (toujours ces foutues journées trop courtes) d’accueillir 15 livreurs de plus par jour ni d’enregistrer 15 documents comptables de plus par jour.
Tout ça pour dire que l’on peut travailler des produits frais et de qualité, même en travaillant avec des grosses machines de la distribution.
Une idée serait pourtant intéressante : une association de tous ces petits paysans, artisans, etc., qui pourraient créer une structure capable de satisfaire aux exigences et aux contraintes des professionnels…
Je ne demande que ça.
Luc Charlier (jeudi, 11 août 2011 22:27)
Il y a ... à boire et à manger dans ces commentaires.
Le genre d’assoc. que tu proposes existe déjà dans le Tarn & Garonne chez les « bio » pour le particulier (http://www.grainesdeterroir.com/), sous forme embryonnaire ou en tout cas foetale.
Et un de mes cuisiniers préférés à Bruxelles, Saburo Inada (http://www.restaurant-inada.be/index.html) n’hésite pas à remballer fréquemment une partie de la marchandise qu’on lui livre car elle ne correspond pas à ses attentes. Or, ce sont des fournisseurs « de petite taille » le plus souvent. Il s’est construit ainsi une réputation d’emmerdeur auprès d’eux (y compris les marchands de vin), mais ravit les clients de son restaurant, par contre. Et c’est un homme adorable par ailleurs, pas du tout ombrageux ni capricieux.
Cad (vendredi, 12 août 2011 00:42)
Tant mieux si cela existe dans le Tarn et Garonne, ce genre d'arrangement existe sans doute aussi ailleurs. (je parle des assos de producteurs) D'une manière embryonnaire comme tu le dis. Mais il ne faut pas se leurrer, de toutes les façons on sait comment ça finit, les belles idées...
J'ai même connu des enfants de communistes qui sont des traders patentés ;-)
Luc Charlier (vendredi, 12 août 2011 07:05)
Des traiteurs pas tentés ?
Cad (vendredi, 12 août 2011 15:22)
C'est accent allemand ne te va pas du tout
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