MONSIEUR TIMM

Porte-manteau personnalisé
Porte-manteau personnalisé

 

 

 

Et voici mon billet le plus insolite.

 

 

 

 

 

Il y a bien longtemps – j’avais autour des 11 ans – mes parents m’ont proposé d’accompagner un de leurs amis – sans doute le plus précieux, lien qui ne s’est jamais démenti - à la salle d’armes pour voir si j’aimerais faire de l’escrime.

De l’escrime, vous pensez ... à 11 ans !

 

Cette soirée (après-midi ?) allait être déterminante pour le restant de ma vie. Je fus « mis en garde » par une terreur, Maître Coulon, puis confié aux mains d’un des piliers de mon adolescence, François Dehez.

 

Mais ce n’est pas le propos du jour : j’y fis la connaissance d’une famille, qui se reconnaîtra, et qui allait prendre une place importante dans ma vie de tous les jours, dans mes loisirs et, aujourd’hui, dans le développement du Domaine de la Coume Majou.

 

Celui qu’on appellera le Papa, gynécologue et chirurgien abdominal, parmi les mains les plus adroites qu’il m’ait été donné de voir à l’oeuvre, m’a sauvé la vie lors d’un retour en catastrophe de trois semaines de camping sauvage en Asie Mineure et sur le Bosphore. J’avais 17 ans et le ventre plein de pus : appendicite perforée et péritonite d’envergure. C’est lui aussi qui se tenait debout tout près de moi, guidant mes mains près des siennes dans l'abdomen de mon frère Thierry qui subissait le même sort – moins aigu heureusement – quelques années plus tard.

Celle qu’on appellera la Maman, et qui nous a quittés, fut tour à tour le chauffeur, la pâtissière, le boute-en-train et la délicieuse Dame hors du temps de nos deux familles. Derrière ses grosses lunettes, elle contemplait la vie avec étonnement, une once de naïveté et une quête incessante de la nouveauté et de l’original. Même les frasques les plus invraisemblables de son troisième fils semblaient la faire rire aux éclats. Et elle riait en russe, en polonais, en français, en italien ... ; toujours elle riait.

Le plus jeune des fils, avec qui la différence d’âge était la plus marquée, est devenu juriste et gastronome émérite. Il boit du vin ... mais pas assez assidument. On essaie de changer cela.

Le puîné, juriste aussi, préside à la destinée d’une entreprise insensée de prime abord mais qui, au-delà de ses côtés visionnaires, montre que le réalisme, le tourisme, la collaboration avec les pouvoirs publics, le placement financier et la gestion attentive peuvent faire bon ménage avec la qualité, le rêve, l’ambition et le goût du beau, voire de la perfection. Est-ce que Cambron vous dit quelque chose ?

« Enfin, y’a l’aîné » chantait Brel, dans un tout autre registre. L’aîné qui fut l’ami de toute mon adolescence, le compagnon d’exil passager et volontaire ou tout du moins consenti dans le boerenbuiten hollandais, le rival sportif (toujours meilleur que moi) et en amour (idem d’après certaines demoiselles qui ont eu la chance de pouvoir nous comparer), le modèle absolu du fils que mes parents auraient voulu avoir ....

Nous ne nous sommes jamais totalement perdus de vue mais nos deux parcours furent très variés, mouvementés et, tout naturellement, je suis allé lui demander de l’aide mais surtout des conseils pour tenter de faire prendre au Domaine de la Coume Majou le virage qui était nécessaire à son développement. L’environnement économique, mon inexpérience personnelle dans le monde du commerce et des affaires et les difficultés traversées par le milieu du vin ont rendu nécessaire une vision un peu détachée, perspicace et originale des solutions à apporter.

Pour le moment, en fin de vendanges, un soutien moral et aussi plus pragmatique était à nouveau nécessaire, et c’est « l’aîné » qui me l’a apporté. Ah oui, j’oubliais : il me rend visite avec sa compagne dans une bonne dizaine de jours, juste à temps pour mon anniversaire.

 

Et l’illustration dans tout cela ? J’ai remisé, à tout jamais sans doute, ma vieille veste d’escrime (tissu et kevlar) et suis tombé sur ce cintre qui m’a suivi depuis la Rue Saint-Bernard à Bruxelles. Le sous-officier à la retraite qui servait de barman et qui aidait les plus vieux membres à enfiler leur équipement avait confondu, il y a plus de 40 ans, mon casier et celui d’un de ces ancêtres sans doute.

 

J’ai toujours gardé le porte-manteau mais j’avoue ne plus bien savoir

 qui était Monsieur Timm.

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Patou (jeudi, 29 septembre 2011 22:28)

    Tout ça ne nous rajeunit pas, mon cher... Mais nous gardons de beaux restes.