KIMAPLU (I)

Trois Kimaplu pour le prix d'un seul
Trois Kimaplu pour le prix d'un seul

 

 

 

Un Kimaplu triple

 

 

 

Avoir des candidats vendangeurs issus de sa propre famille est un plaisir. Encore fait-il les nourrir et leur donner à boire !

 

 

 

 

 

 

Le premier soir, Loïc eut droit à son millésime de naissance ... 1987, pas facile. Oh, bien sûr, il y a le beau Vintage Port de chez Niepoort, et quelques Bandol (Domaine de la Noblesse, devenu Domaine Jean-Pierre Gaussen depuis lors, le mourvèdre pur de la cuvée Cabassaou de Tempier et surtout le 1987 d’anthologie de Walter Gilpin à La Vivonne). A l’époque, l’osmose inverse ne régnait pas en maître sur la Gironde et le Libournais et j’avais acheté – partagées avec mon ami Ingels – une caisse d’Ausone et une caisse de Margaux en primeur (environ 700 francs belges TTC de l’époque la bouteille, moins de 20 € ). Et la margalienne, avant-dernière de ma cave, fut l’élue du jour. J’ai eu un doute sur un léger bouchon à l’ouverture, mais celui-ci se dissipa. Ce n’était donc pas du TCA car cette déviation ne fait que s’amplifier par après et ne s’estompe jamais, du moins dans mon expérience. Oh certes, ce « grand vin » restait un peu étriqué et manquait de concentration, mais il offrait des notes de cabernet presque mûr et surtout des beaux tannins souples en finale. Je ne sais quel Rastapopoulos ou Brivestet était aux commandes à l’époque, et quel Pérault les conseillait, mais en tout cas la vinification en fut fort intelligente, sur la finesse et sans surextraction. Allez, un petit kimaplu pour l’amateur !

 

Le deuxième soir, notre Stephke, digne fille d’un artisan souffleur de verre, put boire une Geynale 1989, qui a son âge. La vérité me force à dire qu’on ouvrit un magnum mais c’est une 75 cl que j’ai retenue sur la photo pour l’harmonie de l’illustration. Et ici, rien que du grand ! Cette parcelle du vignoble de Cornas, que Robert Michel – vous savez, l’ancien patron de Thierry Allemand – m’a montrée du doigt un matin de février, alors que la neige commençait à y fondre tandis que le reste du coteau se parait encore d’un beau manteau blanc – m’a déjà donné de fantastiques émotions gourmandes. Elle livre un Cornas presque souple, toutes proportions gardées, mais néanmoins charnu, et de très bonne garde. Le magnum ne faillit pas à cette réputation. Un très grand kimaplu.

 

Le troisième soir, Sébastien, boy-friend de La Loute absente (en terminale, les Belges ne peuvent pas vendanger, surtout quand ils ont atteint trois fois l’âge de raison), qui avait compris le système, m’a annoncé fièrement : « Je crois que c’est un 1990 ! ». Le salaud, il ne connaît rien au vin mais avait évidemment raison. Bon, Mont-Redon ne figure pas forcément dans le trio de tête de CNP, mais leurs bouteilles sont constantes, harmonieuses et ce sur un très grand nombre de cols, avec le grenache bien présent. Ce cépage, largement majoritaire sur leurs galets roulés, s’y comporte fort bien. Je pense en outre qu’il n’y a qu’une seule cuvée et elle ne déçoit pas. Je trouve cela élégant pour un grand domaine. Un çameva en même temps qu’un honorable kimaplu.

 

Pour en revenir à mon billet du 28 septembre, quand mon chirurgien préféré en eut fini avec mon abdomen, way back in September 1974, il y laissa un drain. J’allais entrer à la fac quelques semaines plus tard et terminais les plus longues vacances d’été de ma vie. Une fois soulagé de la douleur intense de la péritonite – il n’y a qu’une crise de goutte pour connaître pire ! – je n’avais qu’un souci : être sur pied. Je lui demandai donc : « Quand est-ce qu’on enlève mon Redon ? ».

 

 

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