C’EST LA RENTRÉE POUR LA SYRAH AUSSI

Un joli cordon refait
Un joli cordon refait

Aujourd’hui, nous avons donné les derniers coups de cisaille à la syrah de Alt de Coume Majou, mettant un terme à ma huitième campagne de taille sur Estagel.

Depuis 2010, je partage les raisins de cette vigne entre le

Rosé de Coume Majou et un vin de cépage

à 100 % syrah.

 

 

 

Auparavant, ils entraient principalement dans l’Eglise de Coume Majou et accessoirement dans les Côtes-du-Roussillon Villages pour satisfaire au décret d’appellation, qui a changé entretemps.

 

Cette syrah a une histoire particulière. Son hectare 28 ares a été planté en 2002 par les deux papys Bradignan, avec l’aide de José Valéro. Ils le menaient en taille Guyot et en demandaient « beaucoup », seul importait le volume apporté à la coopérative locale. Après leur rachat en 2005, la première taille fut épique, surtout dans le bas de la pente où il y a un peu plus d’humidité : sarments atteignant 10 mètres de long, fils entremêlés et surtout « tronc » peu développé. On a repris tout cela et, à présent, un joli cordon de Royat s’est installé, simple quand le pied est faiblard, double quand il est plus costaud. Toutefois, nous ne laissons jamais plus de 6-7 « chandelles » au total, et souvent moins. L’an passé (2011), entre le rosé et le rouge, j’ai rentré environ 35 hl de vin, dont un peu moins de 4 tonnes de raisin provient d’ici.

 

Quant au fameux décret, il mérite un commentaire aussi. A présent – et c’est bien ainsi – il suffit de deux cépages, dont le carignan ne peut pas faire plus de 40 %. Cette dernière restriction est une ineptie mais on est en progrès quand même.

La syrah comme « améliorateur » - même si dans d’autres coins du département il en est d’excellente – a fleuri dans les années ’70. La plupart des domaines – il s’agissait d’ailleurs surtout des coopératives villageoises car les caves particulières étaient rares par ici – ne disposaient pas d’éraffloir et on vendangeait des grenaches à 14 degrés, au jus certes mûr mais aux peaux et au bois encore vert. Il fallait donc trouver un autre cépage pour « adoucir » cette rigueur, rôle de la syrah. Un homme comme Willy Bizet, acheteur principal pour les Ets Delhaize à l’époque et qui m’a précédé de quelques années sur l’estrade du CERIA, avait beaucoup insisté pour cette implantation. Alors qu’il avait fait l’école d’ingénieurs agronomes de Gembloux, même lui n’avait pas tout à fait intégré le problème du manque d’eau possible sur les schistes de l’Agly certaines années.

A présent, les unités de vinification sont mieux équipées et la syrah, certainement superflue dans bon nombre de cas, doit se trouver d’autres destinations.

 

 

Nous n’en ferons pas du Cornas, donc j’ai choisi la voie du fruité,

du vif et du rond, sans pour autant vendanger trop tôt

ni vinifier « léger-léger ». La clientèle semble me suivre.

 

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    Thierry Charlier (mardi, 03 janvier 2012 18:26)

    Je lis avec difficulté, mais quelle joie de te lire ! Hélas, la vérité n'est pas toujours bonne a ecrire

  • #2

    Luc Charlier (mercredi, 04 janvier 2012 10:38)

    La vérité, cher frère, empoisonne l’eau du puits, d’après l’antique sagesse arabe. Tant mieux, quand le puits devient saumâtre, on boit plus de vin !

  • #3

    Cheap Foamposites (mardi, 20 mars 2012 10:40)

    Wow, my god! Incredible articles. Really is well written.