UN PÉLERINAGE BAS-RHINOIS

 

 

Jeudi 2 février, milieu d’après-midi, presque un pélerinage : je rends visite à

Frédéric Mochel.

 Il connaissait bien Hamilcar Michiels, mon regretté prédécesseur au CERIA.

Ses premiers vins dans ma cave remontent à la fin des années ’80, avec déjà des rieslings haut de gamme d’une netteté et d’une définition parfaites, ainsi que des VT de gewurztraminer ciselés et fins.

 

 

 

 

N’oublions pas ses très complexes muscats du grand cru Altenberg sur la commune voisine de Bergbieten.

 

Je pense avoir bu au moins 200 fois des vins de ce domaine entre 1990 et maintenant, et jamais aucune bouteille ne m’a déçu. On retrouve perpétuellement les trois caractéristiques que je recherche dans un riesling de gastronomie : la finesse citronnée et florale du nez, la complexité et le volume en bouche, la finale sèche et de bonne persistance.

 

M. Mochel a été jadis vigneron de l’année de la RVF et aussi maire de sa commune (1989 à 1995). Jamais il ne s’est départi de son calme, d’une certaine assurance, d’un côté descriptif sans esbrouffe. Actuellement, sa femme et lui sont à la retraite – enfin il paraît – et c’est Guillaume, le fils, qui a repris les rênes avec en prime une nouvelle salle de dégustation sobre et fonctionnelle, un chai à bouteilles bien organisé et surdimensionné et surtout une nouvelle cave de vinification entièrement en inoxydable, avec thermorégulation automatique.

 

Nous avons dégusté son crémant d’Alsace (chardonnay pour une large part, pinot blanc, pinot noir et un peu de riesling) tout en élégance, en suavité et avec une touche de « pomme mûre » rappelant les blancs de blanc bien élaborés.

On a aussi trempé les lèvres dans un pinot noir à la robe soutenue, et avec ce parfum de griottes que l’on rencontre si volontiers dans les « bourgognes vosgiens ». Présence tannique agréable et acidité de bon aloi.

Ensuite, le muscat de l’Altenberg (2010) - que j’ai également dans le verre au moment d’écrire ces lignes - nous a comblés. Il s’agit d’un 100 % Ottonel, plein de finesse plutôt que d’exubérance. Pas sûr qu’il m’en reste au moment où l’Aude (et puis les Mechelse Veilingen qui exportent vers ici) nous donnera ses premières asperges, en avril.

Après cela, ce furent les rieslings du Gd Cru Altenberg, 2008-2009-2010 et leur Cuvée Henriette, la partie la plus ancienne de la vigne, qu’avait contribué à planter madame mère, prénommée Henriette. Le 2010 paraît le plus sec des trois, le 2009 est le plus riche. De toute façon, les rieslings ici sont presque toujours très secs, ce que je préfère.

Pour faire bonne mesure, les gewurz – y compris une belle VT, accompagnée de ses collègues pinot gris et riesling – puis une sélection de grains nobles de riesling complétèrent l’aperçu. Vous savez, là où l’on s’aperçoit qu’il n’y a qu’un seul « p ».

 

J’ai dégusté le tout avec modération, mais assez loin du crachoir quand même. Il nous restait pourtant une grosse demi-heure pour rejoindre l’étape, le Winstub Gilg de Mittelbergheim, dont je vous parlerai une autre fois.

 

J’avais rencontré Guillaume lors d’un précédent passage éclair, en transhumance. Actuellement, c’est lui qui pilote la nef de Traenheim, avec compétence si on en juge d’après les cuvées, et avec élégance, si on en juge d’après son sourire. Il est beau gosse, en plus, le « gamin ». Christine n’arrête pas de me le répéter.

 

Merci encore à tous trois pour ce grand moment de plaisir vineux et pour votre gentillesse, qui ne s'est jamais démentie au fil des ans.

 

 

PS : j’ai humblement laissé un petit carton panaché des vins de la

       Coume Majou en partant, attendant leur verdict.