KIMAPLU N° 4 – 2012

Un Kimaplu double
Un Kimaplu double

 

 

 

 

 

Le dernier « qui m’a plu » est double et franco-oriental.

Je veux dire provenant de l'est du pays.

 

 

 

 

 

 

 

1. Flirtant avec la limite entre Lozère et Aveyron, en plein Aubrac, c’est veau, vache, cochon, tripoux et farçoux qui ont rejoint la glacière de voyage. Vous pensez bien que la côte de boeuf – et un peu d’aloyau pour lui tenir compagnie, nous étions 4 convives – a ses exigences : point de Majou cette fois, mais le Corton Bressandes 1990 de mon copain Jean-René Nudant (Ladoix-Serrigny).

 

« Quelle histoire, qué n’affère à Lîtche ! »

 

Jean-René et Marie-Anne sont venus loger chez moi à Zellik en 1987 pour la première fois, je crois. Ils allaient prêter main forte le lendemain aux dégustations de notre groupage annuel des « Amis du Vin » dont ils étaient une des vedettes, à Limelette.

Ils découvrirent une charmante femme aux cheveux longs et foncés, ainsi qu’un cocker roux.

 

Notre rencontre suivante eut lieu deux ans plus tard à Buisson. Il y rencontrèrent une femme aux cheveux longs et foncés et ne se rendirent pas immédiatement compte qu’elle avait changé. Le cocker s’était mué en setter Gordon par la même occasion.

Nous nous mîmes à table devant un ... boeuf bourguignon, cela va de soi.

Enfin, le congélateur bien garni – la maîtresse de maison n’est pas hôtesse bourguignonne pour rien et la Toison d’Or réunit jadis les descendants du Téméraire et notre Charles de Gand – nous offrit profusion de ... sauce de bourguignon !

Par un miracle digne des adeptes de M. Thys – un grand clin d’oeil à Sang Hoon Degeimbre et à Maxime De Muynck que je viens de retrouver ensemble avec grand plaisir – toute la viande avait déserté la gamelle pour n’y laisser que ce que nous appellerons l’appareil.

Qu’à cela ne tienne, l’amitié a rompu le pain et nous l’avons trempé – Christine dit « saucer » - et le plateau de fromages n’a pas terni l’atmosphère. Nous en rions tous encore !

 

La fois d’après, Jean-René était venu rehausser de sa présence mon cours au CERIA et ... il ne trouva plus de femme dans ma maison de Wemmel. Mon setter lui fit néanmoins la fête : c’est fidèle, un chien.

Il reconnut à l’aveugle un Bressandes 1985, à lui. Il reconnut également, et dans les mêmes conditions, le Renardes 1985 de son rival - et pas réellement ami, je crois - Capitain. Il eut l’honnêteté de le déclarer excellent ... et c’était vrai. Il nous dit d’un troisième 1985 bourguignon : « Ça, ce n’est pas un Côte de Beaune, mais c’est bon et cela vient de plus haut » – voulant dire, en direction de Dijon. C’était une Romanée Saint-Vivant. Une des autres convives s’empressa de décliner l’identité du vin, toute fière. Mais elle avait lu l’étiquette dans la cuisine, c’est plus facile !

 

La fois suivante, lors d’une des promenades annuelles au sein de la colline de Corton, le setter m’accompagnait toujours et ils rencontrèrent une femme aux cheveux mi-longs et ... roux. Ils s’aperçurent de la différence. Je ne sais plus ce qu’on a mangé mais on beaucoup bu. Et Guillaume commençait à devenir un homme ... sans commentaires.

 

Le dernière fois que nous poussâmes la porte du domaine, la femme qui m’accompagnait avait de longs cheveux noirs et un accent héraultais. Mais il n’y avait plus de chien. Et cela n’a pas changé depuis lors : on me surveille mieux, la vigne m’accapare et les années me rendent moins désirable. Je ne suis plus la proie des femmes.

Entretemps, les Gréchons étaient aussi devenus premier cru mais ce diable de chardonnay était resté aussi bon.

 

Bressandes ’90 (45 min de carafe, bouchon parfait)

 

Robe encore vive avec un début de « tawny », petit dépôt remis en suspension.

Nez très ouvert, sur la prune, le bigarreau très mûr, le cuir antiqué et la girolle (bouquet tertiaire), un rien de volatile au début (le « goût belge » disent les vignerons) sans que cela soit gênant.

Bouche à l’attaque franche, de bonne acidité, sans aucun brûlant et surtout de TRES beaux tannins en finale.

 

On ne regrette pas de l’avoir ouverte, celle-là.

 

 

2. C’est encore avec la tignasse rousse que j’ai rendu visite à Jacques Tissot et à sa fille, chez lui à Arbois, pour une dégustation mémorable de vieux chardonnays jurassiens. Le setter était de la partie mais, vieillissant comme moi, on l’avait laissé à l’hôtel pour la soirée. Le lendemain, son gendre (de M. Tissot, pas du setter) - convalescent après une intervention orthopédique d’envergure – nous pilota avec une extrême gentillesse et beaucoup d’humour aux quatre coins de l’appellation, allongé sur la banquette arrière et béquilles en bataille.

 

Je saute du coq à l’âne, si je puis dire, car c’est dans le village voisin de Pézilla, berceau de trois générations d’internationaux de rugby finalistes du championnat de France, les Porical, que j’ai acheté la pintade fermière – origine : Ariège – qui accompagna mon deuxième « qui m’a plu » du jour : Château Chalon 1991 du Domaine Jacques Tissot (Arbois). Il s’agit de l’année de naissance de la Loute et le déglaçage des sucs de cuisson, ainsi que le lent mijottage des girolles ne s’en sont pas plaints.

 

Chalon 1991, jaune

 

Robe encore jeune, avec de légers reflets verts (comme un Chablis).

Nez immédiat (enfin, ouverture préalable du clavelin et prélèvement de quelques cl pour la cuisine) de sotolon très marqué – j’adore cela. Ensuite, toute la panoplie oxydative s’est développée, sans excès : sa majesté éthanal et ses pages nous ont fait la totale.

En bouche, aucune agressivité, l’acidité se perçoit à peine et beaucoup de gras termine la sensation.

 

Il s’agit réellement d’un jaune de gastronomie, à point et absolument pas saturant. Se méfier des lendemains avec un tel vin néanmoins, si jamais on exagère : c’est le foie qui détoxifie les aldéhydes !

 

Mais ici, 62 cl pour trois personnes, ce fut parfait.

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    Cheap Foamposites (mardi, 20 mars 2012 10:40)

    Wow, my god! Incredible articles. Really is well written.

  • #2

    Šimon (mardi, 17 juillet 2012 02:42)

    Fine article dude

  • #3

    Juicers Reviews (samedi, 13 avril 2013 00:45)

    This is an excellent post! Thank you for sharing!