MAJOU DANS LES ÉMIRATS, MODESTEMENT

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avions rencontré

Marie Laurens,

jeune sommelière lozérienne,

 alors qu’elle faisait ses débuts sous la supervision

 de Marie-Aude Vieira,

au Château de Couffour **

à Chaudes-Aigues.

Peu après, nous apprîmes par

sa maman, la patronne de

l’Hôtel de la Poste 

à Châteauneuf-de-Rondon,

qu’elle avait obtenu un engagement dans un des établissements les plus réputés de Dubaï,

Reflets, le restaurant

de l’Hôtel Intercontinental.

 

 

 

 

   

 

 

 

 

Nous souhaitions depuis longtemps faire une timide apparition sur ce marché – vous savez en effet que ce sont les visiteurs étrangers qui fréquentent le quartier international de la capitale, largement aidée financièrement par les Quatari – ouvert aux innovations et en plein effort de reconnaissance comme destination touristique « acceptable ». Le Cheikh Mohamed, issu de la famille régnante Al Maktoum, de confession sunnite, maintient en effet la tradition bédouine d’accueil et d’hospitalité au sein d’une monarchie constitutionnelle.

 

Grâce à Marie Laurens – que j’en profite pour remercier – nous avons pu approcher le management de l’hôtel qui s’est déclaré ouvert à l’idée de proposer une cuvée spéciale exclusive à ses hôtes de marque, tout en maintenant les coûts. Pensant que le climat du Golfe Persique ne se prête guère à la consommation de rouges corsés, le sommelier-en-chef, M. Idriss Mahmoud el-Iksir*, eut alors une idée originale : pourquoi ne pas profiter de la belle maturité des syrahs du domaine – dont j’ai moins besoin à présent pour les AOP puisque depuis 2009 les Côtes-du-Roussillon Villages se contentent de deux cépages – pour élaborer un effervescent rosé unique au monde, sec (« brut zéro » en fait), de degré modéré mais non chaptalisé et totalement sans sulfite ? J’ai dit « banco » et nous l’avons appelé Fizz rosé from the Catalan Hills, par analogie avec les grands fauves qui jouent du fifre.

 

Nous avions promis de maintenir le secret jusqu’à la disponibilité du produit (600 bouteilles).

 

Nous avons donc installé discrètement un pupître au premier étage de la cave de Corneilla et c’est la société Regnillob, d’Ay, qui a assuré à façon la supervision de la manipulation ainsi que le dégorgement, bien évidemment.

 

Il s’agit d’un fizz à la robe cerise clair, au nez délicatement parfumé avec des accents de cerise et de loukoum à la rose, à la bouche légère et fraîche, totalement dépourvue de sucrosité. La finale ne présente aucune accroche tannique. Les bulles sont fines, persistantes et crèvent vite à la surface.

 

Les accords commerciaux prévoient de renouveler cette cuvée chaque année, si la clientèle l’apprécie. Nous n’avons par contre pas le droit d’en fournir à d’autres clients et je n’ai même pas pu garder un seul échantillon, ce qui a été contrôlé par huissier de justice.

 

Comme j’aime les anecdotes, c’est lors de la visite de ce magistrat que j’ai retrouvé au grenier – car tout a été examiné, l’Hôtel Intercontinental ne faisant pas les choses à moitié – mon ... lapin en peluche datant de l’époque où j’habitais au Quartier Louise avec ma grand-mère, à la rue Defacqz,

près des jolies maisons « Art Nouveau » conçues par l’architecte Horta.

La nôtre n’en était pas une, malheureusement.

Il s’agit certainement d’un signe en ce Dimanche des Rameaux.

 

 

 

*: Issu de la réputée "Ecole de Bagdad", et après un passage de deux ans comme stagiaire auprès des cognacs Martell, M. Idriss Mahmoud  a fait ses classes à Poitiers et ensuite au très bel Hôtel Roncevaux de Pau.