SCOLOPAX : UN LIMICOLE

Peut-être bien qu'il est marqué : "Bécasse" après tout !
Peut-être bien qu'il est marqué : "Bécasse" après tout !

 

 

Voici ce que Sud de France, par le biais de sa filière vin, nous propose, à nous les vignerons qu’ils ont pour mission de défendre.

 

 

 

Je précise que ce n’est pas eux que je mets en cause en premier lieu, ils répercutent simplement les « demandes » du marché.

Néanmoins, un peu de dignité ne ferait pas de tort et si on refusait systématiquement ce genre de rabaissement, peut-être que l’image des vins de la région s’en porterait mieux.

 

En substance, voici les extraits du courriel qui a été adressé à tous les producteurs du Languedoc-Roussillon proposant des AOC rouges incluant le Minervois, les Corbières, Saint-Chinian, Faugères, Fitou, les Côtes du Roussillon et Villages, Collioure, les AOC Languedoc (y compris Cabrières, Méjanelle, Quatourze, Saint Christol, Saint Saturnin, Sommières, La Clape, Grès de Montpellier, Montpeyroux, Pézenas, Pic Saint Loup, Saint-Drézery, St Georges d'Orques, Terrasses du Larzac) ; en blanc les AOC Languedoc et Picpoul de Pinet, en VDN muscat : Frontignan, Lunel, St Jean de Minervois, Mireval et du Maury VDN.

 

«  ... Nous avons le plaisir de vous informer qu’un acteur important britannique nous a sollicités via notre bureau de Londres en manifestant sa volonté d’élargir sa gamme de vins du Languedoc-Roussillon. Il s’agit d’une entreprise spécialisée dans la distribution auprès du circuit CHR, positionnée plutôt milieu de gamme ....

 

..... Nous souhaitons mettre en place pour l’acheteur concerné une procédure lui facilitant ses démarches, dans le but de lui proposer un panel de vins correspondant à sa recherche. A cet effet, nous vous offrons la possibilité de répondre à cet appel d’offre en nous proposant dans un 1er temps des produits répondant aux critères établis par l’acheteur .....

 

Ensuite, nous organiserons pour lui à la Maison de la Région de Londres une dégustation des produits qu’il aura choisis. L’objectif est de présenter 150 vins environ. A l’issu de la dégustation, 4 à 6 vins seront retenus pour référencement.

 

Frais de dossier et de transit : 30 € / vin retenu pour la dégustation

 

Quantités indicatives : 1500 à 2500 cols par référence

Prix départ cave maximum : 2,5 € pour les vins secs ; 3,50€ pour les Muscats et 4,00 € pour le Maury. Type de contrat : en exclusivité avec l’acheteur .... »

 

 

Qu’est-ce que j’en retiens, et vous communique :

 

. l’organisation (Sud de France) mise en place pour aider au développement des ventes et de la notoriété des vins de notre région est satisfaite d’une offre à 2.50 € le col pour des AOC, et sur des quantités somme toute réduites (2.000 cols par référence)

. elle décrit l’acheteur potentiel comme « positionné en milieu de gamme », à ces prix !

. pour arracher ce marché mirobolant, elle met son personnel en branle (des fonctionnaires payés pour partie par les fonds publics, pour partie par les cotisations des viticulteurs, je suppose)

. pour espérer avoir la chance (6 sur 150 soit 4 % ou un odd ratio de 1 sur 25) d’être retenu, il faut débourser en plus 30 € par vin participant à la sélection

. et enfin, l’acheteur s’arroge l’exclusivité, c’est-à-dire dans la pratique le droit de prendre la marge qu’il veut, sans être restreint par une saine concurrence

 

Au passage, je signale quand même qu’un organisme public demande, en plus des frais couverts par son mode de financement, 150 x 30 = 4.500 € pour organiser une petite dégustation et expédier une mini-palette de 150 bt vers le UK !

 

C’est ce qu’on appelle « valoriser » l’image des

Appellations d’Origine, effectivement très « Protégées ».

 

 

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Commentaires: 4
  • #1

    David Cobbold (lundi, 30 avril 2012 21:23)

    Je trouve cela hallucinant de bêtise (ou devons-nous l’appeler "inconscience").

  • #2

    Luc Charlier (lundi, 30 avril 2012 22:04)

    Oui, David, je suis d’accord.
    Ou bien, on fait du « déstockage ». C’est dommage mais parfois nécessaire. Dans ce cas, on vend 6 millions de bouteilles pas terribles à des Chinois, pour 2 € le col.
    Ici, il ne s’agit pas de cela : on demande à la Coume Majou, et à des centaines d’autres domaines qui font de leur mieux pour produire de bons vins, s’ils veulent bien payer 30 € pour avoir le droit de vendre – à peu près au prix des matières sèches – des vins AOP à un marchand qui ne se donne même pas la peine de faire lui-même sa part de travail.
    Je rappelle que c’est Georges Freche qui a initié l’idée de Sud de France – une marque qui ne veut rigoureusement rien dire. Cela sert uniquement à procurer un emploi, même pas un travail, à des dizaines de personnes infoutues de faire oeuvre utile à la vigne. Elles ne parlent même pas correctement l’anglais – sans évoquer l’allemand, le néerlandais, le danois, le russe ... – et écrivent le français comme un adolescent boutonneux. Parasites, all of them !

  • #3

    Denis Boireau (mardi, 01 mai 2012 09:31)

    Que Sud de France reclame des frais pour ce genre d'operation me parait aussi moralement inadmissible que la participation reclamee par les sbires de Bob en Espagne!

  • #4

    Luc Charlier (dimanche, 06 mai 2012 10:02)

    Oui, et en clavier AZERTY la même chose !