DE LA-CHAPELLE-AUX-CHAMPS À LACOSTE : LE LUBÉRON DE L’AMITIÉ

Premier Mai à Ménerbes
Premier Mai à Ménerbes

Back to 1988 !

 A cette époque, je travaillais pour le compte du

grand capital anglo-saxon,

à contre-emploi,

et lui était le bras droit

du Professeur Wauters, aux

Cliniques Universitaires

Saint-Luc.

Rapidement, les noces de Cana nous ont réunis.

 

 

 

Ce n’est pas tant le caractère exceptionnel de ce premier miracle qui m’a plu. Vous l’aurez compris, je ne crois pas aux miracles, d’autant que je sais par contre un moyen pour produire du vin. Non, ce que Jean, mon infâme concurrent - n’oubliez jamais que le seul, le vrai, c’est Luc et que Coume Majou est son prophète - veut nous transmettre, c’est un message de qualité et de générosité. Générosité car Il abreuve à l’invite de sa mère le bon peuple venu à la noce, tout en initiant ainsi la série d’événements qui mèneront à Sa perte. Il le sait pertinemment et pas plus que moi ne croit à la résurrection – à ce moment-là en tout cas. Message de qualité aussi : en effet on oublie souvent la phrase la plus importante (2,1-11) :

 - « Tout le monde sert d’abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, alors le moins bon ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent ».

 

Michel et moi - car c’est de lui qu’il s’agit – gardons également le bon vin pour la fin, dans une progression logique. Les gens assez sots pour s’enivrer de piquette délaissent d’ordinaire assez vite notre compagnie et ceux qui restent avec nous – appelons-les nos disciples – un peu plus longtemps ont bien droit au meilleur vin, que nous partageons alors avec amour. C’est un oenocuménisme, en quelque sorte.

 

Au fil des ans, nous avons poursuivi notre bonhomme de chemin : Michel a fini par diriger son hôpital, en même temps que son département et le laboratoire qui va avec. Moi, j’ai essayé de donner une direction à ma vie ... et au laboratoire humain qu’elle est devenue. Mais le même amour du BON vin qui nous avait rapproché, et – disons-le sans fausse honte – la même aversion pour tout ce qui est artificiel et trivial, a continué de nous unir. Ensuite, j’ai rencontré son épouse, Karyn, qui est un Michel au carré : même humour raffiné, même générosité, même goût du beau.

 

Je dois vous faire un aveu : je ne réponds jamais aux cartes de voeux de Nouvel An et n’en envoie pas moi-même. Mais il y a une seule exception : le billet annuel de Karyn me fait toujours grand plaisir. Même plus, je l’attends avec curiosité .... et j’y réponds toujours, parfois avec un certain retard néanmoins.

 

Au moment où les besoins en liquidités se sont faits pressants pour Coume Majou, un petit nombre d’amis ont mis la main là où il fallait pour que ce cap passe avec moins de difficultés. Chacun a trouvé une manière élégante de le faire. Certains se sont déjà reconnus occasionnellement au fil de ce blog, certains y apparaissent de manière récurrente, d’autres y figureront dans les mois qui viennent. Michel et Karyn ont réussi à énormément m’aider en transformant en ivrognes trois générations d’universitaires et deux décennies d’aïeux, de Saint-Gilles à Uccle en passant non seulement par Fort Jaco, Stael et Calvoet, mais surtout par Lacoste. Oui, Lacoste, le magnifique village perché sur les flancs du Petit Lubéron où le Divin Marquis alla oublier Arcueil et Marseille, avant que le Donjon de Vincennes ne l’accueillît.

 

La semaine dernière, entre deux livraisons, nous avons en effet passé ensemble la Fête du Travail en sillonnant ce coin de Vaucluse où ils ont déconsacré pour pouvoir s’y détendre un discret prieuré du XVIIIème siècle et ses dépendances, malmenés à la Révolution Française: Michel pilotait pour nous une magnifique

2 CV bleu ciel, cadeau d’une des générations d’ivrognes dont je vous ai parlé, et nous fûmes ses passagers ravis. Cela fait quarante ans – ou plus – que ces prodigieuses suspensions de chez Citroën n’avaient plus accueilli mes fesses. Je me prends à rêver d’un véhicule similaire, adoptant les quelques progrès techniques réalisés depuis lors (allumage électronique et injection, rattrapage automatique de jeu aux soupapes, pot catalytique, assistance au freinage, pneus sans chambre à air, éclairage halogène, capote avec réservoir ...) mais de conception simple et rustique. J’en achèterais immédiatement un pour aller à la vigne et à la ville, et même pour mes allers-retours vers la Belgique s’il peut tenir 110 km/h de vitesse de croisière.

 

 

Michel et Karyn, merci pour tout.

Merci pour votre aide discrète et généreuse.

Merci pour votre accueil et pour votre humour sans faille.

Merci pour votre tolérance.

Merci au nom de tous les hépatologues du Brabant et de Provence.

Merci d’avoir su ranger aux endroits les plus improbables

la moitié de ma production de rouge des trois derniers millésimes.

 

Il n’y a que pour les vins doux qu’il reste un effort à accomplir.

 

 

 

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