Y EN A MARRE

 

 

Encore une magnifique bouteille gâchée par un bouchon défectueux.

J’ai ouvert à l’apéritif le flacon que vous apercevez dans le médaillon.

 

Son géniteur sépare mon ami Michel et moi-même, sur le perron de la belle demeure au pied du Scharzhofberg (NB, sans « w ») dans la partie gauche de l’illustration. Il nous a quittés il y a quelques années mais les nombreuses dégustations faites en sa compagnie, le plus souvent autour de la petite table ronde dressée dans le hall d’entrée, restent vivantes dans mon esprit. Je pense très souvent à lui et notamment à ses descriptions fascinantes, données comme des leçons dans la bibliothèque (à droite). Les bons jours, c’était un Auslese Lange Goldlackkapsel 1959 qu’il ouvrait. Actuellement, c’est son fils qui dirige le domaine. Cliquez ICI pour le voir. Et la cinquième génération des Egon est en marche : elle doit avoir environ 12 ans à présent, si je ne me trompe pas.

 

Je m’attendais à une merveille.

Il s’agissait d’un Spätlese issu d’un très bon millésime, 1988. Celui-ci n’a pas atteint l’ampleur des deux suivants (TBA récoltés à Wiltingen ces années-là) mais représente à mes yeux l’archétype de l’année « classique », dotée d’une belle acidité, d’une maturité appropriée et d’un grand équilibre. Pour ceux que cela intéresse – car c’est ainsi qu’on reconnaît de quelle mise il s’agit - l’AP était Nr. 3 567 142-15-89.

 

A l’ouverture, le nez très citronné présentait un côté légèrement champignonneux, comme un rien de poussière, de moisi. On dit muff en allemand, à peu près comme chez nous en flamand (muf). Et cela n’a fait qu’empirer avec le temps, pour finir au bout de trente minutes par réellement « sentir le bouchon ». C’est dommage – Schade ! – car la robe vieil or, le bouquet exotique (mangue, papaye) et surtout la bouche équilibrée entre ses 7.5 vol % d’alcool (vous avez bien lu) et la sucrosité qui n’est plus perceptible me ravissait. Il ne s’agissait pas d’une Ersteigerungflasche, celles qu’on ne peut acheter qu’en commissionnant un courtier aux enchères annuelles de Trêves, mais sans doute du meilleur Spätlese disponible pour la clientèle au domaine lui-même.

 

Ce soir, pour me ratrapper, j’ouvrirai un Auslese de cette même année, car je n’ai plus de Spät. ! Il est dommage que ces excellents souvenirs soient ternis et que, au-delà du préjudice financier, une fantastique bouteille élaborée avec tant de talent soit perdue à tout jamais.

 

Je dois une fois encore insister sur les pertes irréparables et les déceptions innombrables que nous avons tous subies

à cause de bouchons défectueux.

Actuellement, il existe de bien meilleures solutions d’obturation,

et notamment la capsule à vis ou le bouchon en verre.

 

En Allemagne, les plus prestigieux domaines sont passés à des solutions plus modernes et techniquement préférables, ou sont en phase de transition. Même le Scharzhof s’y met, si mes renseignements sont exacts, pourtant on ne peut sûrement pas taxer Egon IV de révolutionnaire ni de tête brûlée !. Mes deux autres « chouchoux » dans cette région viticole sont Carl von Schubert au Maximin Grünhaus dans la Ruwer et le domaine Fritz Haag dans la Moselle, où Oliver a repris le flambeau de son père Wilhelm en 2005. Je n’ai pas eu l’occasion d’y remettre les pieds – mes propres vignes m’ont pas mal accaparé – mais, au moins à Mertesdrof, le site expose beaucoup de références pourvues du « Drehverschluß ».

 

De même, mon « fournisseur préféré » en Franconie, Weingut Wirsching (Iphofen), ferme ses précieux flacons comme moi.

 

Le bon Prince-Evêque Julius-Echter peut dormir tranquille en ce

jour de l’Ascension, il n’y aura pas de moisi sur le jus du Muschelkalk.

 

 

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Commentaires: 4
  • #1

    David Cobbold (jeudi, 17 mai 2012 16:44)

    Et oui, le massacre continue, grâce aux bouchons en liège. Parlant de massacres, je me trouce du côté de Wagram actuellement. Tiens, une bataille dont les français se souviennent !

  • #2

    Luc Charlier (jeudi, 17 mai 2012 17:12)

    Ben oui, pourquoi est-ce que tu crois qu’Hervé habite à Waterloo ?
    Il espère changer le cours de l’histoire.

  • #3

    CadàStrophes (jeudi, 17 mai 2012 21:21)

    Wagram... je ne retiens de cette bataille que le nom de MacDonald, dont le nom continue à sévir sur tout la planète
    Ainsi donc la victoire napoléonienne ne fut-elle qu'une demi victoire...

  • #4

    Luc Charlier (vendredi, 18 mai 2012 11:08)

    Euh, renseignements pris, Etienne Macdonald est Duc de Tarente et Maréchal français, malgré son nom. Tu vois, le McDo, c’est bien une victoire totalement française, et pas celle d’un papy russe. D’ailleurs, nous connaissons bcp de restos de « gastronomie française » qui proposent en fait une cuisine très inspirée de celle de Mc Donald, surtout sur la côte.