LE SENS DE TOUT CELA ?

What's on a wine-man's mind ?
What's on a wine-man's mind ?

Un blogueur a envoyé le commentaire que voici après un papier sur le Château La Tour Blanche :

«  ... J'ai bu quatre La Tour Blanche du temps ........, 1869, 1896, 1898 et 1900.

Le plus vieux, un 1869 ayant conservé son bouchon d'origine, est l'un des plus grands Sauternes de ma vie. Un de mes amis, qui avait déjà bu de l’Yquem 1869, nous a dit que La Tour Blanche 1869 pouvait soutenir la comparaison avec cet Yquem-là. ... »

 

 

Est-ce que cela a un sens ?

 

Bien entendu, que des amateurs de vin se délectent de vieux millésimes, réellement et sincèrement ou bien en s’illusionnant eux-mêmes, n’a rien de répréhensible. Ils se font plaisir et en assument les frais.

 

Qu’ils en parlent à leurs amis, parfois eux-mêmes férus d’antiquité vinique, n’a rien de stupide non plus. Ils peuvent échanger un vécu commun ... ou bien se faire une petite « folie à deux » ou « folie en groupe ». Ma fille utilise l’expression : « On s’est fait un délire, Papa ! »

 

Mais quel est ce besoin de porter à la face du monde les deux messages suivants :

1. Moi, moi que vous voyez ici présent, dans toute mon importance, j’ai bu ce vin rare, vieux et cher

2. Tel vin, rare, cher et précieux, était meilleur que tel autre et untel est d’accord etc .... ?

 

Dans le premier message, on retrouve toutes les caractéristiques du narcissisme m’as-tu-vu, comme le fait de parader au volant d’un Countach ou d’un Hummer devant le drugstore des Champs Elysées. C’est simplement de la fatuité. Comment se fait-il que le vin, denrée essentiellement éphémère, consommable et généralement source de convivialité, déclenche chez un nombre significatif d’individus ce besoin de s’affirmer auprès de gens qui ne vous ont rien demandé et qui ne vous jugeront pas sur ce critère-là, enfin il me semble ?

 

Le deuxième message me laisse beaucoup plus perplexe. Il ne relève pas du tout du domaine de l’affirmation de soi, mais évoque ce besoin de classer, de donner des points, de hiérarchiser. Bien sûr, il y a aussi le côté « ésotérique » et d’appartenance au groupe de « ceux qui savent », des initiés. L’âme humaine est ainsi faite et je suis sûr qu’il en dort quelques traces chez moi aussi. Mais comment se fait-il que le vin suscite ces réactions ?

Pour moi, il n’est pas objet de convoitise – sinon pour sa consommation hédoniste – ou de compétition.

 

Bien sûr, il m’arrive de vous livrer un KIMAPLU, commentaire souvent élogieux – sinon cela devient un kimapaplu – et j’espère parfois teinté d’humour ou accompagné d’une trame anecdotique savoureuse. Mais il s’agit alors de vous faire partager une émotion liée à un vin, de vous dévoiler des côtés inattendus d’une bouteille ou d’une appellation et, presque constamment, de vous inciter à boire la même si vous en avez, ou tout le moins un flacon similaire.

 

Voilà, j’ai ressenti comme un Unbehagen en lisant les quelques lignes que je vous cite en commençant cette page. Je ne m’explique pas pourquoi et vous livre mes interrogations.

 

 

Ik blijf jullie echter het antwoord schuldig !

 

 

PS: Pourtant, je prends énormément de plaisir à déguster ces grands flacons moi aussi, et ai le goût du vieux vin, mais nullement en tant que « rareté incongrue et exclusive ». Rien que pour eux-mêmes.

 

 

 

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