CONTRARIÉ

Dans le verre, du muscat de Saint-Jean de Minervois
Dans le verre, du muscat de Saint-Jean de Minervois

 

 

 

 

Je suis contrarié, pour des raisons personnelles.

J’en profite pour vous faire ce billet contrariant, qui se trouvait sur ma liste d’attente depuis plusieurs semaines.

 

 

 

 

Les « hygiénistes » ont tort sur toute la ligne.

Ils veulent nous empêcher de boire du vin car il sont à la solde des vendeurs d’anisés et d’alcools forts, Pernod-Ricard en tête.

 

Les tenants du « French Paradox » ont tort aussi, qui veulent nous faire boire du vin comme médicament préventif.

 

D'abord, je veux poser en postulat qu’on boit du vin PARCE QU’ON AIME CELA, donc pour se faire plaisir. Il peut y avoir des raisons connexes, mais je pense que celle-ci est la principale.

 

Jadis, l’eau était tellement insalubre qu’on courait moins de risque de choléra, de fièvre typhoïde, de diphtérie, de douve hépatique etc .... en buvant du vin. Actuellement, quoique les compagnies de distribution nous mentent effrontément quand elles présentent les résultats des analyses (toujours avec deux ans de retard en plus), la situation n’est plus semblable. Certes, les élevages industriels nous inondent – littéralement – de leurs nitrites. Certes, la quantité de chlore présente dans l’eau de ville est dérangeante sur le plan organoleptique (et pour mon système digestif, en ce qui me concerne en propre). Certes, le seuil de « tolérabilité » (fixé par les autorités NB) des pseudomonas est souvent dépassé. Mais, en gros, l’eau ne rend pas malade.

 

Dans certains milieux – cadres des grandes entreprises, parties de chasse, séducteurs professionnels et autres James Bond – boire du vin et passer pour un connaisseur (autoproclamé) représente un atout social.

 

Mais JAMAIS on ne boit du vin pour améliorer sa santé, sinon mentale, bien entendu !

 

Il y a deux aspects majeurs à ce problème : les avantages ( ? ) et inconvénients de l’alcool éthylique d’une part, les bienfaits supposés des polyphénols contrebalancés par les inconvénients des sulfites d’autre part. Ces derniers ne seront pas abordés aujourd’hui.

 

Tordons le cou à l’alcool d’abord. En grande quantité, il est bien évidemment néfaste. On ne va pas s’étendre là-dessus.

 

En petite quantité (qui reste à définir), il pourrait apporter quelques bienfaits sur le plan cardio-vasculaire. Malheureusement, la femme et l’homme sont inégaux sur ce point aussi – car les systèmes enzymatiques des deux sexes ne fonctionnent pas identiquement de la même manière, oestrogènes obligent. Nous, les hommes, pouvont boire un peu plus sans dégâts, à condition de ne pas souffrir d’une affection hépatique simultanée.

 

Dans le meilleur des cas, la dose « profitable » tournerait autour des 2 à 3 « unités » par jour.

Une unité correspond à la quantité habituellement servie par .... les professionnels de la vente de l’alcool (tiens, tiens), c-à-d 5 à 7 cl d’apéritif, 12 à 15 cl de vin et 25 à 33 cl de bière de table. En gros, on parle de 10 ml d’alcool pur environ à chaque fois, soit 8 grammes. Je laisse volontairement un flou, car les données disponibles ne sont pas plus précises que cela. Sur ce point, toutes les sources d’alcool font jeu égal : bières et cidres, vins de toutes sortes, alcools « forts » etc....

 

Et puis, il y a le fameux « French Paradox » suivant lequel la population vivant « à la française », avec toutes les imprécisions que cela implique, en consommant du vin tout en ayant une alimentation assez riche, présente moins de maladies cardio-vasculaires que les nordiques, buveurs de bière, de schnaps, de genièvre ou de vodka.

 

Tout d’abord, les publications attestant ce fait proviennent en majeure partie de régions productrices : la faculté d’oenologie de Bordeaux à Talence et les instituts affiliés, l’Université Davis de Californie et des facs australiennes. Ensuite, on a vu arriver des papiers italiens, puis ceux de Geisenheim et d’Autriche mais eux trouvaient des bienfaits au vin ..... blanc ! Curieux, non ?

 

Ensuite, l’avantage supposé est marginal : on parle de quelques incidents cardio-vasculaires en moins par millions d’habitants et non de « sauvetage » de dizaines de vies humaines. Rapidement d’ailleurs, on s’est aperçu que ces mêmes populations consommaient plus de fruits et légumes frais, moins de graisses animales, plus d’huile d’olive etc .... J’ajouterais – mais ce n’est pas prouvé – qu’elles travaillent moins d’heures et moins dur aussi.

 

Enfin, stade ultime : eurêka, ce sont les polyphénols.

J’ai rencontré très tôt (années 80-90) un des pionniers – fort sympathique par ailleurs – de cette quête : Jack Masquelier.

Tout ceci a conduit à l’élaboration de « produits dérivés » par la parapharmacie, française notamment. On sait l’impact des « drogues bidons » dans ce pays, patrie de Fabre, Boiron et autres Montignac.

 

On arrête là : boire du vin peut vous faire du bien en augmentant votre sentiment de bien-être, en créant une certaine convivialité, en majorant tous les plaisirs de la table, en vous permettant de rencontrer des vignerons et des vigneronnes – tous et toutes sympathiques, cela va de soi. Mais boire du vin, donc de l’alcool, est toxique. Pour tout le monde.

 

Un petit calcul que j’aime faire.

Un amateur boit à table une ½ bouteille de vin (soit 37,5 cl que j’arrondis à 40 pour la facilité).

Si c’est du vin « léger » (à 12,5 vol %), il ingère 400 ml x 0,125 x 0,8 = 40 gr d’alcool, ce qui est environ la dose maximale prescrite par les tenants du paradoxe. Le coefficient 0,8 correspond à la densité (arrondie) de l’éthanol.

Si c’est du vin « costaud » ( à 15 vol %), il ingère 48 grammes d’alcool sur base du même calcul. Différence = 8 gr d’alcool, soit une moitié environ d’un verre de bière !

 

Ma conclusion :

. buvez du vin pour le plaisir uniquement

. sachez qu’une demi-bouteille (par jour) est la limite supérieure tolérable si vous

  voulez améliorer votre état de santé

. sachez que la différence, tant vantée, entre vins « légers » et vins « fort

  alcoolisés » est du pipeau

 

Votre vigneron préféré boit à peu près

une bouteille de vin par jour, en moyenne.

Il en boit TRES rarement un peu plus.

Il lui arrive de ne pas boire de vin du tout pendant trois ou quatre jours

(mais il consomme parfois un peu de bière ces jours-là !).

Or regardez la bonne mine que j’ai – pas de remarques sur les cernes :

il fait 40 degrés à l’ombre sous la tonnelle de « La Table de Roueïre »

à Quarante, chez l’excellent Laurent Crouzet,

 encore un ancien de St Chély d'Apcher.

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Juicer Reviews (lundi, 15 avril 2013 16:27)

    This informative article was exactly what I had been searching for!