DES VINS LIMPIDES

A "Alt de Coume Majou" (sommet)
A "Alt de Coume Majou" (sommet)

 

 

 

Comme aux Galeries Lafayette,

« il se passe quelque chose »

avec les vins du

Domaine de la Coume Majou.

 

 

 

Depuis trois ou quatre mois, à sa demande, j’accompagne de plus en plus Christine lors de ses tournées. Et on nous dit très fréquemment la même chose – « on » , c’est souvent le chef – à savoir que nos vins sont francs, ou droits, ou limpides ou un qualificatif qui va dans le même sens.

 

Je pense que ce sont des commentaires appréciatifs et les prends comme tels.

Mais, au-delà de l’amour-propre qui s’en porte bien, je me suis demandé ce que cela voulait dire et, dans la mesure où ce serait vrai, quelles en sont les raisons.

 

Si j’ai bien compris, ceux qui aiment nos vins leurs trouvent des points communs, au travers des millésimes et au-delà des spécificités de chacune des cuvées : il s’agit d’un fruité marqué, d’un corps généreux, d’une belle longueur, de la fraîcheur et de leur tenue, y compris après l’ouverture de la bouteille (jusqu’à plusieurs jours). A l’inverse, quand on nous adresse des critiques – qui m’intéressent tout autant – elles concernent toujours soit un excès de tannins, soit une présence alcooleuse qui déplaît à certains. C’est souvent la syrah qui les récolte !

Intéressant est de remarquer que c’est notre vin où l’extraction est la moins poussée et pour lequel la vendange est la moins tardive, avec le taux d’alcool le plus bas.

 

Comment est-ce que j’interprète personnellement ces caractéristiques ?

 

Le fruité : on désigne ainsi l’ensemble des arômes qui rappellent le raisin, ou plus généralement les fruits à noyau et les baies des bois.

Le corps : il s’agit d’un ensemble de perceptions – tactiles aussi bien qu’organoleptiques - qui découlent de la présence d’alcool, de glycérol et sans doute aussi de tout ce qui constitue l’extrait sec.

La longueur : plus difficile à déterminer, elle signe la concentration mais aussi la lenteur de l’évolution volatile, le temps que prennent les constituants pour disparaître.

La fraîcheur : ça, je suis convaincu que c’est une affaire d’équilibre entre l’acidité, le gaz carbonique, l’alcool, le sucre résiduel etc.

La tenue : certains vins sont évanescents, d’autres supportent bien plusieurs jours d’aération. C’est sûrement affaire de concentration, mais aussi de propriétés rédox. Les vins un peu « réduits » tiendront mieux.

 

Je n’aurai pas la prétention d’ajouter un chapitre aux traités d’oenologie portant comme titre : « Comment obtenir les vins que vous voulez ? ».

 

Non, simplement, je fais remarquer que ces propriétés sont celles que je recherchais moi-même car elles correspondent à mes goûts, mais aussi à l’idée que je me fais d’un bon vin dans la vallée de l’Agly. J’ai dit aux gens de Decanter : « Dans l’Agly, nous sommes capables d’élaborer de grands Châteauneuf-du-Pape, l’élégance en plus ». Et je le pense.

 

Et qu’est-ce qui les confère, d’après moi ?

 

Le fruité provient des raisins que j’ai sélectionné : leur origine (la vigne elle-même), le moment de leur vendange, la manière dont ils sont vinifiés (oxygène, sulfitage, ensemencement, processus pré-fermentaires). Mais il est encore favorisé par l’absence d’élevage en bois et l’usage très discret des sulfites.

 

Le corps est le résultat d’une fermentation complète et lente de moûts très riches, avec macération prolongée sous le chapeau de marc. C’est certainement la chose la plus facile à obtenir, si on le souhaite.

 

La longueur provient, je crois, essentiellement de la concentration. Je la dois aux petits rendements - trop petits, je l’admets sans faux-semblant – et à la tramontane.

 

La fraîcheur, que je place tout en haut des qualités recherchées, est le fruit du hasard ... ou plutôt de l’ensemble grenache-carignan-schiste-pas de sucre résiduel. Je n’y suis pour rien, si ce n’est dans le choix de la région.

 

La tenue découle des choix techniques, mas c’est facile à dire a posteriori.

 

Conclusion : un néo-vigneron, sans trop de formation théorique et avec une expérience fondée sur ce qu’il a vu faire chez d’excellents vignerons uniquement (à Bandol d’abord, dans le Douro ensuite, en vallée du Rhône, dans le Roussillon, en Alsace et en Moselle allemande ...) n’a pas trop d’idées préconcues concernant les leviers qu’il actionne. Mais un « ex-néphrologue cum amateur de vin cum chroniqueur oenologique » savait très bien le genre de vins qu’il aime.

Par hasard, et sans doute un peu à dessein, mon premier millésime allait exactement dans le sens de ce que je voulais obtenir. Et il a été recompensé (public, amis, Guide Hachette ...). Après, il a suffi de modifier certains détails.

J’ai donc eu beaucoup de chance.

Et puis, il y a aussi tout ceux qui n’apprécient pas les vins du Domaine de la Coume Majou. On ne peut pas plaire à tout le monde.

 

Un dernier mot : il faut remercier Laurent Duret,

l’oenologue-conseil qui me suit depuis le début.

Il est également ingénieur agronome, ce qui fut fort utile au « reconditionnement du vignoble » et a su écouter ce que je voulais obtenir. Il m’a placé dans les conditions d’y arriver.

Il n’a jamais imposé ses vues, m’a évité beaucoup de bêtises

et ne manque pas de m’avertir lorsque certains choix sont « risqués ».

Après, Coume Majou reste MON vin.

J’en assume les errements et biche devant les éloges occasionnels.

C’est le jeu !

 

 

 

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