ENTRE L’OBSCUR ET LE PARADIS FISCAL

Prenant quelques heures de détente à Roses

(Rosas en castillan), où il n’y a rien d’autre à faire que de marcher en flânant, nous n’avons pas manqué notre promenade traditionnelle sur la marina, certainement une des plus hupées d’Espagne.

Je vous montrerai de quoi l’amarrage est fait dans d’autres billets.

En attendant, Christine est tombée en arrêt – cherche, Kiki, cherche ! – sur ce trois-mâts barque.

En fait, comme je ne l’ai pas vu sous toile, peut-être n’est-il pas un « barque ». Mais les voiles, sommairement repliées, me semblent correspondre : misaine et grand mât sont affirmativement équipés de voiles carrées dont on voit les vergues, tandis que l’artimon semble un autre système. En même temps, je ne suis pas un vieux loup de mer malgré les conférences répétées de mon frère Thierry. Je ne pense toutefois pas que ce soit une goélette.

Structure en métal, cabine bien cabossée et « sentant l’utilisé », fouillis incroyable de drisses et autres cordages, grosse activité sur le pont : sympa le rafiot.

Ensuite, on se dirige vers sa poupe : port d’attache .... Belize. Mais oui, bien sûr, l’ancien Honduras britannique, un des repères traditionnels des Frères de la Côté devenu paradis fiscal et dont l’anglais est la langue officielle.

Et son nom : Héraclite ! Alors là, je me marre. Comment « l’obscur », l’homme d’Ephèse, l’anti-Parménide, le plus célèbre des pré-socratiques a-t-il servi de nom de baptème à cette unité ? On le disait méprisant, misanthrope, amoureux du feu ... il a plu à Frederick Nietzsche.

Ah oui, je sais : il prône le mobilisme. Tout devient tout et se retrouve en tout. Tout est mouvement, choses et pensées. Et les phénomènes s’enchaînent. Comme ce bateau qui se déplace tout le temps, des confins guatémaltèques aux rivages de la Costa Brava.

Ou comme les flux de capitaux .....