DE SOURCE SÛRE

"Clos Ter Duinen" : enherbement abondant des girades (Flandre Occidentale, Belgique)
"Clos Ter Duinen" : enherbement abondant des girades (Flandre Occidentale, Belgique)

Je tiens l’histoire suivante de source sûre et de première main.

Ce billet a d’ailleurs été vérifié par elle. L’information ne présente aucun caractère scandaleux mais elle m’a choqué et doit être versée au dossier des aberrations du système des AOP* et de l’influence des syndicats vignerons.

                                                                  (* : Appellation d’Origine Protégée)

 

 

Un collègue de l’appellation Faugères a « subi » une inspection à la vigne de son domaine par l’ODG*. Jusque là, rien d’anormal, cela fait partie de l’ensembles des règles du jeu, contraignantes, que les vignerons se sont laissé imposer. Mais cette surveillance, en l’occurence, me paraît légitime. L’inspecteur a constaté un manquement et l’a communiqué à l’INAO pour sanction, selon la procédure en vigueur.             (* : Organisme de Défense et de Gestion)

 

Quelle était la faute ?

Si j’ai bien compris, le décret des Faugères prévoit que les accès aux vignes doivent être enherbés. Chez nous, on appelle cela les « girades » , c-à-d l’endroit où le tracteur peut tourner pour changer de rangée.

Or, notre homme n’a pas d’herbe qui pousse, à hauteur d’un vignoble de schiste pur, sur cette zone de manoeuvre. Voilà son erreur.

 

Outre le fait – mais sans doute n’ai-je pas la compétence voulue – que je ne vois pas l’intérêt d’obliger à enherber le pourtour des vignes, je me demande surtout comment réaliser cela dans la pratique sur certaines parcelles. Je possède 10 ha de vignes, toutes sur du schiste et, en dépit du peu de trafic qui y existe, la plupart des endroits où se pose, ne serait-ce que 7 ou 8 fois par an, un pneumatique de tracteur sont totalement arides, dans les circonstances climatiques que nous vivons. Bien plus, même un mètre plus loin, là où oncques véhicule ne passe, on ne trouve qu’une quantité minuscule de graminées desséchées voire un désert total. Or, cela fait plus de 4 ans maintenant que je me passe totalement de désherbant. Heureusement, dans les P.O., nous n’avons pas cette obligation.

 

J’ose espérer qu’il n’y aura pas de sanction à l’égard du collègue pour cette « faute » constatée. Mais même ainsi, le temps passé à ces sottises et le stress pour le vigneron me paraissent inacceptables.

 

Or, c’est sur propositon des instances professionnelles, en clair des quelques personnages influents disposant du personnel suffisant pour être à la vigne et à la cave à leur place afin de leur permettre de siéger dans les commissions, que les décrets sont établis. L’INAO et le ministre ne font, généralement, que les entériner. On peut donc s’interroger – ce que je ne fais pas – soit sur leur compétence, à ces comitards, qui sont pour la majorité des vignerons, soit se pencher sur leur agenda caché. Ceci est par contre un pas que je franchis allégrément. On veut, une fois encore, faire le lit des structures qui ont choisi de travailler des vignes de plaine très productives, ou en tout cas de piémont, en zone fertile et arrosable, aux dépens des vignerons installés sur les coteaux arides, qui produisent des petites quantités de vin de grande expression. On privilégie à nouveau le débouché de la grande distribution, plutôt que la clientèle du caviste spécialisé ou du restaurateur de bon niveau.

 

Après cela, la France s’étonne que le marché mondialisé préfère

 acheter un « produit » banalisé élaboré à meilleur compte ailleurs,

que des vrais vins de typicité, ancrés dans leur berceau d’origine,

ce qu’on appelle généralement le « terroir ».

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Norbert (mercredi, 19 septembre 2012 17:59)

    Effectivement, le cahier des charges de cette AOC prévoit que "L’enherbement permanent des tournières est obligatoire", et ceci "afin de préserver les caractéristiques du milieu physique et biologique qui constitue un élément
    fondamental du terroir".
    L'herbe préserve les caractéristiques du schiste, c'est bien connu!