AMÉLIE S’EST BIEN OCCUPÉE DE LÉON

Séance de dédicace chez Torcatis
Séance de dédicace chez Torcatis

Désolé pour Georges Feydeau, je lui pique à nouveau son jeu de mots*. Pour moi, potache assidu à l’école communale de la rue Beckers dont mon grand-père avait jadis, avant ma naissance, été le directeur bien-aimé, le patronyme de Nothomb appartenait surtout à une carte de géographie, au même titre que de Gerlache ou le Pont du Germoir.

 

 

En effet, le plan du quartier avait comme épicentre le Square de Léopoldville, qui n’a jamais été rebaptisé « Kinshasaplein », même pas pendant la zaïrisation. Et la Rue Nothomb fait partie de cette zone urbaine. Or, à cette époque les élèves apprenaient tôt et par coeur à reconnaître les environs. L’intelligence tenait lieu de GPS.

 

Ensuite, c’est la TSF devenue radio qui m’a fait résonner ces deux syllabes, précédée de Charles-Ferdinand. En effet, le « tonton » fut souvent ministre (Affaires Etrangères, Intérieur, Vice-Premier) et dirigea le parti catholique francophone, « l’autre bord » pour ma famille. Mais personne ne l’a jamais tenu pour un extrémiste.

 

« Enfin Amélie vint et la première en Belgique

Fit sentir dans les verbes d’une femme l’écriture énergique ... »

 

Non, j’exagère quelque peu mais c’est vrai que le premier roman que j’ai lu d’elle, Stupeur et Tremblements, m’a emballé. Or, elle en avait déjà publié pas mal. Mais, si je suis un lecteur assidu, je dois avouer que ma liste contient plus d’ouvrages écrits dans d’autres langues que le français et que le roman n’est pas forcément le genre qui remplit mes étagères. Parmi sa production, j’ai quand même bien dû en avaler goulument plus de quinze depuis lors, et aussi un petit opuscule à couverture rose qu’elle avait cédé à une revue féminine ou un hebdomadaire TV. Je ne me souviens plus du titre mais cette short story se passait dans un palais glacé et retraçait de sombres aventures proches de l’hibernation. Les détails m’échappent mais j’avais été enthousiasmé.

 

Dimanche dernier, quittant Coxyde et ma mère presque éplorée au départ de son fils (tu parles !), celle-ci me confia le dernier opus de notre romancière, dont elle raffole. En outre, le Japon exerce sur elle une fascination constante, d’autant qu’elle a eu l’occasion de le découvrir sous toutes ces facettes, grâce à ses guides de luxe, nuls autres que les époux Dehennin, notre ambassadeur sur place à l’époque et son épouse, dont l’amitié vieille de 40 ans ne s’est jamais démentie, de Madrid à Kigali en passant par Brazza et Washington. En outre, c'est là aussi que mes parents confortèrent leurs liens d'amitiés avec Marc et Maaike van Craen, devenus voisins à Coxyde, à présent que la "carrière" leur a offert une retraite active. Que d'excellences, on dirait une soirée Ferrero !

 

Aussi, lorsque j’appris par voie hertzienne que Melle Nothomb serait chez Roger Coste cet après-quatre heures, mon libraire favori (Torcatis, rue Mailly), je convoquai mon chauffeur (alias Christine) et nous sommes allés solliciter une dédicace.

 

La file était longue et Amélie Nothomb a pris le temps de s’entretenir avec chacun de ses lecteurs, plutôt que de céder à la facilité du : « Je signe, tu te barres ». Moi, je n’ai pu m’empêcher de lui laisser immodestement un flacon de Cuvée Majou 2006. Elle m’a affirmé – politesse ou gourmandise – qu’elle apprécie beaucoup le vin rouge. Sinon, un gosier catalan de rencontre – elle présente un film et une conférence ce soir, je pense – la finira pour elle, triste sort pour un flacon honnête.

 

Quant à sa dédicace, je vous en livrerai le secret

lorsque j’aurai lu Barbe Bleue moi-même.

Bientôt.

 

 

 

* Pour les non-hellénistes parmi vous, et vous êtes de plus en plus nombreux,

  je rappelle que αμελεω signifie négliger.

 

 

 

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