MAURY : UNE PAUSE

Les grenaches du Maury au "Clots d'en Couloms"
Les grenaches du Maury au "Clots d'en Couloms"

 

Le Domaine de la Coume Majou a permis à Léon de réaliser un rêve :

élaborer un vin doux naturel en prenant comme modèle

les grands « Vintage » du Cima Corgo.

Et un chef talentueux porté par un magazine reconnu lui ont permis

de vivre un fantasme : que ce rêve soit publiquement reconnu.

On vous a conté cela ICI.

 

 

L’histoire a commencé en 2007. Enfin, si on veut : je connaissais déjà un des protagonistes depuis les voyages de presse auxquels je participais dans les années ’90. En effet, il exerçait ses fonctions dans une cave coopérative de l’Aspres qui produisait des vins rouges beaucoup plus définis que ceux de la majorité de ses concurrentes – pour les meilleurs d’entre eux en tout cas – et de beaux Rivesaltes ambrés, servis notamment par Marie-Louise Banyols sur les tables du « Feuillants » de Céret de la grande époque.

 

Au cours d’une rencontre fortuite, en présence du président de la structure, on évoqua l’idée de m’héberger comme « hôte externe » dans une des caves de vinification monumentales des Vignerons de Maury, qui ne servait plus ou alors seulement de manière très épisodique. Car en effet, pour produire du vin de cette appellation, un cahier des charges très particulier impose la vinification sur l’aire d’appellation. Aussitôt dit, aussitôt fait : autorisation des douanes de vinifier « hors site » par rapport à ma cave principale, contrat de location, installation du matériel et ... quelques bouteilles d’un millésime 2007 ma foi fort satisfaisant. On m’en a servie une à l’anniversaire d’Eric Planes – l’une des très bonnes toques du département – il n’y a pas si longtemps, car nous n’en avons plus. Et sa qualité doit beaucoup aux conseils, distillés du bout des doigts et avec tact, du directeur de la cave, et à la gentillesse de son collaborateur responsable de cette partie-là de l’entreprise, qui n’a cessé de m’encourager et de me rassurer.

 

Et d’autres millésimes ont suivi, cinq d’affilée, jusqu’à élaborer 2.000 petites bouteilles (50 cl) d’un vin abouti, dense, profitant alors de ma propre expérience mais aussi d’améliorations techniques, notamment le contrôle devenu possible des températures pendant toute la phase qui précède le mutage.

 

En 2010, j’ai décidé d’élaborer en parallèle du Rivesaltes « Grenat », sur le même mode, avec des raisins de maturité identique, mais en privilégiant le fruit par rapport aux tannins et en le rendant un peu plus « primesautier ». En France, notre clientèle le préfère, tandis qu’en Belgique, c’est le Maury qui remporte les suffrages, en partie sans doute à cause de la réputation déplorable du vocable « Rivesaltes » assimilé à toutes les bibines douceâtres et alcooleuses, issues du muscat ou non, que vend la grande distribution partout en Europe. Pourtant, il en est d’excellents ! Et le Rivesaltes présente pour moi un avantage pratique énorme : j’ai le droit de le vinifier à Corneilla, sans me lever la nuit pour rien, sans parcourir jusqu’à 5 heures de route par jour en aller-retours. Je peux ainsi le vendre sensiblement moins cher.

 

En 2012, la récolte a été tellement réduite – moyenne de 5 hl par hectare sur mon exploitation pourtant indemne de maladies de la vigne ! – que nous n’avons produit aucun Maury. Quasiment tous nos grenaches entreront dans la Cuvée Majou.

 

Et aujourd’hui, nous avons achevé la préparation de la mise en bouteilles du Maury 2011, Cuvée Jolo, qui sera exceptionnel de concentration et de structure. J’ai donc emporté tout le matériel et rendu les clefs du bâtiment, qu’on m’avait prêtées. En partant, j’ai oublié, pour la première fois depuis cinq ans, d’éteindre les tubes lumineux qui éclairent chichement les lieux, haut perchés qu’ils sont sur ce plafond himalayen. M’en rendant compte alors que je quittais déjà le village, à hauteur du restaurant laissé vide par le départ de Pascal Borrell qui a rendu son étoile à Bibendum devant la rareté de la clientèle, j’ai averti pour m’en excuser le directeur, qui est aimablement allé réparer mon oubli.

 

Je pense qu’il s’agit d’une Fehlleistung caractérisée et que - oh oh oh deep in my heart - je sais que je recommencerai à élaborer du Maury un jour, malgré cette interruption passagère.

 

Depuis deux années, le bâtiment a repris du service actif, car « l’Américain » - comme on dit ici – de Maury occupe à présent les lieux. J’ai côtoyé ses employés en bonne harmonie, Petit Poucet à côté d’une entreprise revenue aux dimensions d’antan, quand le bon vin de Maury faisait la fortune des Bartissol, Byrrh et autres Ambassadeur.

 

Entretemps, je remercie l’équipe dirigeante

des « Vignerons de Maury » pour son accueil sympathique

et, surtout, Thierry Cazach pour son soutien efficace.

 

 

 

PS :

Je rassure les amateurs : nous disposons à présent d’une quantité de Cuvée Jolo,

notre VDN muté sur grains, suffisante pour couvrir trois années de vente.

 

 

 

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