ON Y EST !

Le grain de raisin réniforme
Le grain de raisin réniforme

  

 

 

 

Après trois ans

de travaux et d’essais,

sans aucune

manipulation génétique,

Dirk Verbeelen et moi-même

y sommes enfin arrivés :

le raisin réniforme.

 

 

 

 

 

J’avais en effet remarqué que certains carignans du Rec d’en Fourtou présentaient parfois des baies « doubles », contenant entre 5 et 8 pépins (polypyrénie) et où la pulpe semble posséder deux points de fixation. En outre, sans que je sache pourquoi, jamais une larve d’eudémis ne semble s’y introduire. Dirk – il faut croire que les anciens néphrologues ont gardé un esprit d’observation – a de son côté régulièrement repéré un phénomène similaire sur un rang de muscat de Hombourg (ou Hambourg), planté au Mas den Founs pour servir de raisin de table. On sait que le muscat possède un phénotype très instable, et que le carignan peut lui aussi changer de couleur d’un millésime sur l’autre.

 

Nous nous étions donc lancés ce défi un peu en rigolant : et si on arrivait à produire de manière systématique un raisin ayant la forme d’un rein, ou au moins d’un baquet réniforme, ce que les Américains appelaient jadis le « nose-tray » du temps où certains sérotypes de streptocoques hémolytiques du groupe A provoquaient des hémorragies nasales en même temps que des insuffisances rénales aiguës. Actuellement, ces affections semblent en régression dans les pays occidentaux. Il en va de même du rhumatisme articulaire aigu et de l’atteinte cardiaque qui l’accompagne,

 

Il y avait quand même quelques restrictions : ni Dirk ni moi ne sommes des fervents défenseurs des « OGM en liberté », même si ma conviction sur ce sujet est beaucoup plus virulente que la sienne. Nous n’avons donc pas retenu l’option qui consistait à associer l’INRA au projet, malgré leur intérêt. Il existe en effet tout un pan de recherche sur l’influence de la forme du grain de raisin sur l’avancement de sa maturité et l’idée d’obtenir en fait presque deux baies – ce qui est quasiment le cas ici – au départ d’un seul pédicule semble permettre de réduire les nutriments disponibles et donc de retarder la pleine maturité. On espère ainsi contrer les effets jugés néfastes du réchauffement du vignoble méditerranéen, et notamment l’augmentation de la richesse en sucre des moûts et, partant, du degré alcoolique.

 

Bien sûr, il suffit de vendanger plus tôt pour obtenir le même effet, mais ceci ne convient pas si on veut également maximaliser le potentiel aromatique et obtenir une maturité phénolique idéale (celle des peaux).

 

L’INRA a choisi quant à elle une approche utilisant le génie génétique, en manipulant les codons qui déterminent la tension superficielle au niveau des grumes, et donc leur forme.

 

Par contre, une équipe de chercheurs de la région du Sikkim, dans les collines du Tendong, travaille en altitude sur le développement de nouveaux théiers aux propriétés particulières. On sait que les thés d’appellation « Temi », beaucoup moins chers que le Darjeeling mais de qualité voisine, connaissent un succès sans précédent dans le monde. Le programme se déroule suivant la charte de la « International Organic Farming Association » qui interdit les manipulations génétiques mais a alloué des crédits importants pour une série d’expérimentations de croisement et d’hybridisation sur les plantes alimentaires, à l’exclusion des céréales et des légumineuses, sauf le riz. Là-bas, on travaille beaucoup sur des oranges et la cardamome également.

 

L’avantage de ce haut-plateau indien consiste en son ensoleillement exceptionnel, qui permet grâce à des serres (lumière solaire + lumière articielle de nuit) de provoquer jusqu’à 3 fois plus de récoltes sur une année. On sait par exemple que le riz peut se récolter 3 fois par an en plein sol en Indonésie, mais l’Inde peut arriver à 6 cycles annuels dans des conditions expérimentales, avec du basmati.

 

Nous avons donc envoyé des pépins au Prof. Chatterjee, qui dirige l’équipe indienne. Par un hasard particulier, il appartient à la même famille, d’une caste très élevée, que le chef du service de néphrologie de l’Hôpital de Calcutta. Or, un de ses fils avait fait un stage à Jette en 2001, dans le service du Prof. Verbeelen avant qu'il ne prenne sa retraite : le monde est vraiment petit !

 

Ici, en Roussillon, nous plantons depuis 3 ans des pépins de carignan de Fourtou et de muscat de Villemolaque dans des boîtes à semis, sitôt le raisin cueilli, et les expédions vers l’Inde. De même, en 2011 et 2012, nous avons recueilli du pollen de ces parcelles – ce qui n’est pas aisé vu la brève durée de floraison de la vigne – et le laboratoire de l’ICV a eu l’amabilité de le déshydrater sous vide pour nous.

 

Nous sommes heureux de pouvoir vous annoncer que l’équipe de la « Sang-Martam Tea Growers’ Cooperative Society », qui sponsorise et supervise l’opération, possède à présent au moins trois clones aux baies présentant cette forme biscornue. Ils nous ont envoyé la photo ci-dessus. Bien entendu, un article est en préparation pour une revue spécialisée. Cela ne nous obtiendra pas un Prix Nobel mais est intéressant quand même.

 

Ça y est donc, nous avons notre raisin réniforme !

En soi, cela ne sert sans doute à rien,

sauf – à vérifier – si cette particularité

perturbe la pénétration ou la ponte

du ver de la grappe ou des autres tordeuses.

Mais ça, c’est une autre histoire !

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Vincenzo Pellegrino (dimanche, 22 janvier 2017 17:40)


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