LÉON SERAIT-IL DEVENU FOU ?

L'épaule d'agneau et son Bordeaux 1985
L'épaule d'agneau et son Bordeaux 1985

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous avez bien vu, votre Léon

expose du Bordeaux;

oui, du Bordeaux !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout comme le fier Sycambre, je brûle depuis bientôt trente ans ce que j’ai pourtant beaucoup apprécié auparavant : les vins rouges du Bordelais. Les raisons en sont multiples, pour partie psychologiques sans doute, mais quand même essentiellement d’ordre gourmand.

 

J’appréciais la structure tannique, la richesse aromatique, le potentiel de garde et la relative hygiène des Médoc, des Graves, des Saint-Emilion, des Pomerol et des plus petites appellations qui gravitent autour à une époque où les autres vins rouges du monde – quelquefois délicieux – présentaient beaucoup de défauts techniques.

 

Entretemps, l’oenologie ayant accompli des progrès et le conseil oenologique s’étant surtout répandu à toute la planète, on rencontre partout des vins ne présentant pas de déviation. En outre, les Bordelais ont adopté des options qui me rendent leurs vins moins savoureux (augmentation de la part de merlot sur des sols inadaptés, techniques de concentration artificielles, rendements pléthoriques, maturité insuffisante des raisins, outrance dans le boisage) et surtout des attitudes commerciales et de communication qui me dérangent, sans parler de la morgue et de l’orgueil de certains intervenants, quand ils ne sont pas devenus les larbins de grands investisseurs institutionnels, hexagonaux ou étrangers, ou les porteurs d’eau de vedettes du sport ou du spectacle.

 

Bref, en un mot comme en cent, je n’ai plus acheté de vin de Bordeaux depuis le millésime 1986, à une ou deux exceptions près. J’ai même cédé ceux que j’avais, hormis quelques dizaines de flacons, soit dépareillés, soit présentant un caractère anecdotique (année de naissance, amitié ...). Enfin, on ne revend pas un cadeau et j’ai donc gardé ceux qu’on m’avait offerts.

 

Je vous ai parlé récemment de la boucherie installée en face d’un de nos clients dans les alentours de Toulouse. J’y ai pris une épaule d’agneau splendide (11 € TTC le kilo !) et je nous l’ai rôtie de belle manière hier midi. N’ayant jamais été un fan des Pauillac – les 1ers CC sont une folie et totalement surfaits – je possédais plutôt des Saint-Julien. Mais hier, c’est un « outsider » que j’ai cueilli sur le rack à vin, presque par hasard : Château Sociando-Mallet, ma dernière bouteille dans le millésime 1985. Son bouchon était en parfait état, facteur important pour sa bonne conservation.

 

Le vin garde une robe très foncée, avec un début d’évolution vers le grenat ou le vermillon. Au nez, dominante de cabernet (goudronneux, un rien de réglisse) et présence de boisé, sans vanille. Pas de volatile ni aucun évent. La bouche est droite, avec un léger manque de gras – j’aurais aimé un degré d’alcool en plus, mais ça c’est une affaire de préférence personnelle – et elle termine sur des tannins serrés, légèrement asséchants. Très bon accompagnement de la viande, que je n’avais que très discrètement épicée (thym, laurier, Espelette, ail, Ras-el-hanout, sel en toute petite quantité).

 

L’histoire de Jean Gautreau est singulière et se termina, pour moi, sur son remarquable 1990 – une des exceptions dont je parlais plus haut, que des restaurateurs avisés m’ont repris à un tarif très avantageux (pour eux) quand j’ai quitté la Belgique.

 

Actuellement, je suppose que ce cru de Saint-Seurin

est toujours aussi savoureux

mais le domaine produit 500.000 cols par an ...

Ce n’est plus pour moi.

 

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0