FOUTU BOUCHON : ENCORE

 

 

 

 

(Ecrit le 10 avril au soir

pour le premier jet)

Encore une

bonne bouteille

gâchée par un

mauvais bouchon.

 

 

 

 

 

Il y a trèèès longtemps, avec quelques amis, nous avions rendu visite le même jour à Elie Jeune et sa famille (Domaine du Grand Tinel), à Christophe Sabon (Domaine de la Janasse) et au Domaine Pierre André, sur Courthézon. Chez ce dernier, une de ses filles, oenologue, était en train de reprendre le flambeau et les vignes passaient déjà en bio. C’est elle qui nous a accueillis, avec une gentillesse réservée, et nous avons passé un excellent moment à déguster, mais aussi à échanger des vues. Comme vous le savez, je suis un écologiste convaincu – il faut être peu malin pour ne pas l’être après tout ce que la chimie et le nucléaire nous envoient comme tracas – mais pas un fanatique des « certifications » ni des sectes de tout poil. Melle André, ce sont des arguments de bon sens et de réflexion qui la motivaient, déjà à l’époque, pas un élan de marketing. Le « bio » n’était pas encore vraiment à la mode.

 

Je suis revenu chez moi avec un carton de chacun des millésimes 1988, 1989 et 1990 : on a fait pire à Châteauneuf ! Si mon souvenir est bon, le ’89 avait refusé de finir ses sucres à temps – j’ai connu cela sur une de mes cuvées en 2005, qui est délicieuse à présent – et c’est un petit pied de cuve de la vendange suivante qui l’a aidé, avec malo dans la foulée. J’ai liquidé les ’89 et ’90 gentiment, et il me restait deux bouteilles du ’88, un peu plus austère mais de fort bonne qualité.

 

Hier soir, vanné par la taille au beau milieu d’une Tramontane implacable, suivie d’une courte sieste, puis de deux heures à peaufiner certains aspects de ma comptabilité 2012 qu’on clôture, j’avais foncé chez le boucher du village voisin qui débite pour le moment une Blonde d’Aquitaine primée, abattue le 15 mars .... rassie à point. Il m’a tranché un beau morceau de « rumsteak » et les « patates à Françoise » (une amie de notre chèvrière favorite) se sont mutées en frites croustillantes et pleines de saveur pour accompagner le costume de la préfecture du Gers *. Il fallait quelque chose de solide et on ne peut pas boire chaque jour du Coume Majou ..... quand même !

 

Vous me sentez venir : le Pierre André 1988 fut ma victime. Bouchon échappant à la vrille, puis cédant sous le bilame, enfin enlevé au compte-goutte et résultat : un vin brûlant, décharné, pas net mais pas franchement bouchonné. Au bout de 10 minutes de carafe, je l’ai jeté à l’évier, la rage au coeur. Sa jumelle fut sacrifiée : bouchon intact en surface, mais vermoulu et à l’aspect « pourri » au fond ; grosse angoisse. Pourtant, le décanteur m’a présenté une belle robe, commençant à filer vers le tawny et un nez très goudronné.

 

En fait, les 80 % de grenache (plus un chouïa de syrah et de mourvèdre) s’expriment merveilleusement bien, avec une touche empyreumatique et des tannins « virils » mais pas rudes en finale. Je pense qu’il reste un poil de sucre, mais ce n’est pas dérangeant.

 

Ce qui l’est plus, et mon Pochtron 1er fait grise mine,

c’est l’état du liège et la perte de la première bouteille.

Vous comprenez que je ne veux absolument pas connaître

ce genre de mésaventure avec ma propre production.

 

 

* : Oui, je sais, c’est pénible. Il fallait lire "l’habit d’Auch".

 

 

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