BABYNES® JUSQU’À L’ÉCOEUREMENT

40 ans déjà !
40 ans déjà !

 

 

 

 

 

 

 

Des « baby killers » au BabyNes

en passant par « Cook it raw ».

Comment le franc suisse envahit

vos assiettes et leurs tétines.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les plus âgés d’entre vous se souviennent de l’affaire du « Baby killer », featuring Nestlé. Moi, j’y ai été sensibilisé car mon professeur de pédiatrie, H. Loeb, a été un des chercheurs qui ont contribué au développement des formules de lait maternisé pour la firme suisse, d’une part, mais aussi car certains de mes amis, futurs pédiatres eux-même ou bien gynécologues en formation, on passé des séjours de stage que nos universités organisaient dans les anciennes colonies belges en Afrique noire (Rwanda notamment) et y ont vu les ravages causés par les différentes formes de dysenterie infantile dans les pays pauvres.

 

Entendons nous bien, le Prof. H. Loeb n’est en rien responsable de cet état de faits par lui-même. Il s’agit d’un nutritioniste de renom, d’un bon enseignant et d’un homme jovial, doublé d’un examinateur intelligent – il m’avait accordé une bonne note lors de mon examen final de pédiatrie (en 1981). Les industriels avaient simplement fait appel à son expertise pour développer des laits en poudre répondant aux besoins nutritionnels des différentes tranches d’âge, au vu de sa compétence. Il boit peu de lait lui-même, ayant passé l’âge des diarrhées acides ! C’est pourtant une des questions qu’il m’avait demandé de traîter à l’oral. La vox populi murmure même que les honoraires perçus pour son travail de consultance scientifique avaient servi en partie à alimenter sa ... cave à vin personnelle, car c’était un connaisseur. Vous pensez bien que j’éprouve beaucoup de sympathie pour ce genre de comportement professoral.

 

Non, c’est en aval que cela ne va plus. Dans les « maternités », ou en tout cas les dispensaires de fortune qui en tiennent lieu en Afrique ou en Amérique latine, les firmes – et Nestlé était la plus importante – incitaient les parturiantes, souvent mal nourries d’ailleurs, piètres nourrices et donc faciles à convaincre, à ne pas donner le sein. Les « soignants » avaient été drillés pour cela : médecins, sages-femmes, infirmières, puéricultrices et autres. Des fausses infirmières en uniforme donnaient même des cours de « nutrition » largement biaisés. On distribuait au début gratuitement les poudres aux jeunes mamans et on leur fournissait une eau de qualité suffisante, sachant pertinemment bien que, de retour dans leur village, leur favela ou leur shanty-town, elles n’auraient pas les moyens d’acheter ces spécialités ni d’ailleurs d’accéder à de l’eau suffisamment salubre pour reconstituer le lait. Et les nouveau-nés succombaient en grand nombre.

 

Ainsi est née la WABA, World Alliance for Breastfeeding Action. Le New Internationalist et l’ONG War on Want ont alors promu la diffusion du livre The Baby Killer (1974), dont la version allemande a fait l’objet d’une plainte en justice de la part de Nestlé, qui a gagné son procès. La partie défenderesse n’a été condamnée qu’à 300 FS d’amende et le juge a estimé que la firme devrait modifier son approche publicitaire à l’avenir, bien qu’elle ne puisse pas être tenue responsable directement des décès survenus. Il est exact que ce ne sont pas les Kalachnikov qui tuent les convoyeurs de fonds, mais les voyous qui les manient.

 

De fil en aiguille, un boycott de Nestlé s’est organisé en 1977, puis l’OMS et l’Unicef se sont penchés sur la question (1979), conduisant enfin en 1981 à l’adoption du WHA 34.22, une résolution contenant un Code International de commercialisation des substituts du lait maternel.

 

En 1984, Nestlé accepte de s’y conformer ... et ne le fait évidemment pas.

En 1999 - notez que 15 années s’écoulent sans prise de position majeure, les actionnaires peuvent encaisser leurs dividendes en toute quiétude – l’Advertising Standards Authority britannique (autre pays gros producteur de produits pharmaceutiques et à milieu boursier fort influent pourtant) s’élève contre la stratégie de communication de Nestlé, amenant même le Parlement Européen à s’en émouvoir.

 

Mais comme c’est surtout au ... Pakistan que Nestlé fait sa petite popote, les choses ne vont guère loin. En musique, une blanche vaut deux noires et il semble bien qu’un bébé bronzé dans les risières émeut moins qu’un bébé phoque à la fourrure immaculée sur la banquise. Vous savez, ce marché vaut environ 15 milliards de dollars US par an, quatre fois plus que ce que Nestlé a payé Kraft pour le rachat de sa marque de pizzas surgelées en 2010. Et les ventes continuent de croître.

 

A présent, Nestlé lance sa gamme BabyNes®, voir ICI. Je vous jure que c’est vrai. Renseignez-vous sur le prix, cela fait cher du biberon, en plus !

 

Bien sûr, pour noyer le poisson – j’ai envie d’écrire « pour assoiffer le nourrisson » - il y a tout un chapitre indiquant que l’allaitement maternel est le golden standard, de même que les paquets de cigarettes vous informent que le tabac est dangereux. Mais en même temps, on vous propose 6 formules de lait en poudre pour enfants de zéro jour à 36 mois et la jolie machine qui va avec. A quand une campagne de publicité mettant en avant Dolly Parton? Cette fois-ci, un bel acteur américain mâle ne serait pas crédible.

 

Je suppose que les pédiatres et les puéricultrices qui le désirent peuvent assister à des séminaires de formation et reçoivent au passage une machine de Nespresso® gratuite et les recharges pour 12 mois, pas du tout pour les soudoyer – un/une pédiatre est bien entendu au-dessus de cela, une puéri, ce n’est pas sûr – mais pour les familiariser avec le fonctionnement de ce genre de machine : (i) d’abord, allumer l’interrupteur ; (ii) puis, introduire la dosette et (iii) enfin, faire couler l’eau !

 

Notez que Nestlé n’est pas en reste : une fois capable de manger une alimentation solide, votre enfant peut vous accompagner dans des restaurants gastronomiques et retrouver le bon goût de Nestlé dans tout ce qui est servi ... fait maison bien entendu. Voir ICI.

 

Le piège est vraiment bien conçu. Un de nos meilleurs cuisiniers belges, passionné de ce qu’il fait et pour qui j’ai énormément d’estime, s’est lui-même laissé attraper. Sous couvert de leur permettre de développer de nouvelles recettes faisant intervenir du café, on a proposé à des cuisiniers-stars de participer à un séminaire où ils créeraient un plat avec ... une des capsules Nespresso. Voir ICI.

 

Et même votre serviteur, Léon himself, a goûté à la dosette « restretto » chez son ami Yves, qui l’accueille si généreusement derrière Grez-Doiceau quand il est de passage. Le café est correct, là n’est pas le problème. Mais j’ai essayé de draguer la voisine, ma tasse à la main, et elle m’a répondu : - « Cela ne va pas, non ? Vous vous prenez pour George Clooney ? ».

 

Il va me falloir allonger la liste de mes recommandations.

Outre : n’allez pas faire vos achats en GD, il convient aussi de prêcher

. n’achetez plus de boîte/tube de lait concentré sucré Nestlé

. demandez à vos restaurateurs préférés qu’ils vous promettent qu’aucun produit

  Nestlé n’intervient dans leur cuisine

 

 

« People have the power

chantait la fascinante Patti Smith

en 1988 dans son album Dream of Life.

S'ils le désirent, ce sont les

consommateurs qui ont le pouvoir !

 

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    Charlier (lundi, 13 mai 2013 08:44)

    Les gros bébés a la naissance et qui prennent le sein longtemps sont les premiers de classe a l'école primaire .

  • #2

    Luc Charlier (lundi, 13 mai 2013 09:06)

    Ouaip, et après on doit évacuer tout cela par un drain placé en traversant leur os pariétal!