LA PENTECÔTE (DE VEAU)

Le sage Ibn Lev Ben Léon commente les Ecritures
Le sage Ibn Lev Ben Léon commente les Ecritures

 

 

 

1. Et cum complerentur dies Pentecostes, erant omnes pariter in eodem loco:

 

2. Et factus est repente de cælo sonus, tamquam advenientis spiritus vehementis, et replevit totam domum ubi erant sedentes.

 

3. Et apparuerunt illis dispertitæ linguæ tamquam ignis, seditque supra singulos eorum:

 

4. Et repleti sunt omnes Spiritu sancto, et cœperunt loqui variis linguis, prout Spiritus sanctus dabat eloqui illis.

  

 

Je vous l’avais promis à l’Ascension, jour de congé religieux, et je tiens parole en ce lundi de Pentecôte, seul jour de l’année ouvré mais dont le salaire part à l’Etat français, dans sa totalité. Enfin, ouvré ... pour un petit nombre de salariés. On se retrouve pour la suite passionnante des écrits lucaniens : Les Actes.

 

Et tout d’abord, une petite traduction maison des 4 premières lignes du Chapitre 2 :

1. Et alors que se passait le jour de Pentecôte, ils se trouvaient tous réunis dans un même lieu :

2. Et il est avéré qu’un vacarme soudain descendit du ciel, un peu comme lors d’une bourrasque tempêtueuse, emplissant dans son entièreté la demeure où ils se trouvaient tous assis

3. Et alors des lamelles bien distinctes les unes des autres apparurent, comme des langues de feu, et se posèrent sur chacun d’eux

4. Et ils furent alors tous pénétrés de l’Esprit Saint et entreprirent de parler dans des langues multiples, suivant celle que l’Esprit Saint leur donnait à pratiquer

 

Vous l’avez compris, cinquante jours après Pâques (πεντεκοστη), l’Esprit Saint investit les proches de Jésus. Ce qui est amusant – si l’on veut – c’est que très peu de catholiques, let alone de « chrétiens », peuvent vous expliquer la signification de cette date. Pour moi, qui prêche une forme d’internationalisme, d’altermondialisme et certainement de polylinguisme ouvert, ce « don des langues » est un message double : de prosélytisme bien sûr, car le galiléen seul ne permettrait pas de porter la bonne parole au monde, mais surtout d’universalisme généreux et d’anti-esprit de clocher.

 

Maintenant, comme un vieux rabin expliquant les écritures, je dois admettre que le côté linguistique passe au second plan chez les fidèles. C’est l’Esprit Saint qui tient la vedette et il descend du ciel comme Freddy Mercury ou Tina Turner sur leur trapèze avant leurs méga-shows. Par manque d’éducation religieuse sans doute – je n’ai pas été catéchisé du tout – je n’ai jamais bien compris la portée de la Trinité moi-même, et cela ne m’empêche pas de vivre. Mais force est de reconnaître que cette fête persiste depuis le 4ème siècle, et ceci dans toutes les directions de la chrétienté : les catholiques romains et à plus forte raison la secte des charismatistes, les pentecôtistes (protestants évangélistes), les orthodoxes.

 

Je vous ai déjà expliqué que, tout impie que je suis, je reconnais vivre – sans problème – au rythme des traditions judéo-chrétiennes. Ma compréhension, simpliste sans doute, de la suite des événements est donc la suivante : Jésus – pour des raisons obscures – accepte de subir la Passion et meurt pour le genre humain alors que c’est en fait son père qui lui inflige cette souffrance. En même temps, son père et lui-même ne font qu’un (?). Trois jours plus tard, il est ressuscité. Ça, c’est Pâques. A mon avis, il le savait et cela a dû atténuer ses souffrances. Chapeau quand même. Et 40 jours plus tard, alors que tous ses amis l’entourent, il leur est ravi à tout jamais. Ça, c’est l’Ascension. Elle a un double but : lever l’incongruité d’une double personnalité (triple en fait) pour les esprits par trop cartésiens, et laisser aux hommes le message du supplicié mais aussi leur propre responsabilité future, puisqu’il n’est plus là en chair et en os pour leur tenir la main. Enfin, le troisième tiers de ce puzzle revient sur la terre, pour que les hommes puissent poursuivre l’oeuvre de paix / charité / amour .... etc entreprise. Et ça, c’est la Pentecôte.

 

Et là, je peux à nouveau saisir. Au début, il y a « Dieu » qui représente la morale (pour faire simple). Il délègue un de ses avatars – Jésus en l’occurence – pour nous remettre dans le droit chemin. Une fois que le boulot est terminé, il rappelle son ambassadeur symbolique mais laisse à sa place le message, impalpable mais pourtant bien réel.

 

D’une certaine manière, c’est le schéma de l’éducation : Dieu est la volonté parentale en tant que doctrine, Jésus leur autorité séculaire (les punitions et un peu la carotte) et l’Esprit Saint est le code moral qui devrait subsister. Le problème, commun aux deux systèmes, est que cela ne marche pas très bien.

 

Pourquoi ?

C’est très simple, parce que Rousseau a tout faux et que Schopenhauer* a raison. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi on continue à essayer d’enseigner la pensée du premier ni ne comprends pourquoi si peu de gens ont lu le deuxième.

 

Terminons sur un clin d’oeil (et mon titre) :

la Confédération française de la boucherie organise depuis 25 ans

une promotion spéciale de « veau de la Pentecôte »,

que l’Eglise n’entérine d’ailleurs pas.

Comme la plupart des abattoirs français sont aux normes .... hallal,

c’est la victoire du marketing et d’un certain fanatisme religieux,

le mariage entre la charia et le Plan Marshall !

 

 

  *: orthographe vérifiée, merci David!

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Commentaires: 3
  • #1

    David Cobbold (mardi, 21 mai 2013 07:14)

    Merci à notre guide si spirituel de nous éclairer par la lumière aveuglante de sa sagesse. Peut-il nous expliquer aussi ceci : pourquoi, pour les bouchers français, le veau et pas l'agneau, dont le symbolique sacrificiel est bien connu ?

  • #2

    David Cobbold (mardi, 21 mai 2013 07:20)

    Et je suis bien d'accord pour Rousseau, ce grand naïf, et Schopenhauer (avec un "p", je crois). Pourquoi enseigne-t-on le premier plus que le second en France ? Premièrement parce que le premier et français et l'autre allemand. Deuxièmement parce que le premier est plus facile à comprendre (ai-je dit simpliste?).

  • #3

    Luc Charlier (mardi, 21 mai 2013 10:22)

    1. Je pense que la viande d’agneau, avec Pâques, a trouvé son débouché, alors que le veau, bien tendre à ce moment-là pourtant, avait besoin d’un « coup de pouce ».
    2. Arthur te dit merci pour la correction orthographique ....