L’OR DU RHIN

"Hergestellt in Bacharach"
"Hergestellt in Bacharach"

 

 

 

 

 

 

 

Oui, je sais,

c’est trop facile

comme titre

quand on a eu

des parents

wagnériens convaincus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

N’empêche, aucun vin blanc au monde – excepté celui de la Moselle et de ses affluents – ne me procure autant de plaisir, que ce soit en sec, en doux ou même en effervescent. I’ve got an acidic tooth.

 

Rentré d’un voyage en Belgique (livraison de notre clientèle provençale et aubracaise au passage) avec le foie chagrin – le bon vin d’Arbois, les morilles et les excès du jus de la Montbéliarde en sont la cause – je m’étais promis de me mettre au régime sec pour quelques jours. Hélas, mon sens du devoir m’a poussé à des incartades : il fallait que je vous commente quelques découvertes récentes.

 

Vous avez vu que mon Pochtron 1er a été remplacé pour l’occasion par une version balinaise de la pauvre Lorelei. Souvenez-vous :

 

« ... Den Schiffer, im kleinen Schiffe,
Ergreift es mit wildem Weh;
Er schaut nicht die Felsenriffe,
Er schaut nur hinauf in die Höh'.

Ich glaube, die Wellen verschlingen
Am Ende Schiffer und Kahn;
Und das hat mit ihrem Singen
Die Loreley getan.
 »

 

 

« ... Le batelier, à bord de son esquif,

En ressent comme de sauvages maux.

Il ne surveille plus les récifs,

Il n’a d’yeux que pour ce qui se passe là-haut.

 

Il me semble bien que les flots

Engloutissent à terme et marin et raffiot ;

Voilà bien ce dont les chants aimables

De cette Lorelei peuvent se rendre coupables. »

 

Ma traduction trouvera grâce à vos yeux, je vous sais indulgents.

 

Mais commençons par une attaque en règle contre les gens de marketing allemands. Ils sont aussi nuls que leur contrepartie française. Tous les « fondus » de vin allemand (et autrichien) avaient maîtrisé le système hiérarchique du « Prädikat », la labellisation. Et puis, quel plaisir de décliner

« 1996er Brauneberger Juffer-Sonnenuhr Riesling Beerenauslese », ou encore

« 1998er Forster Ungeheuer Riesling Spätlese trocken » .... La salive vous en emplit déjà les babines. Et bien non, ces messieurs du VDP (et les autres) ont décidé que, pour relancer les ventes, car la crise sévit partout, on allait créer des « Premiers Crus » (E.G.) et des « Grands Crus » (Grosses Gewächs) à la mode de chez le Petit Nicolas et aux règles absconses.

 

En Mittelrhein, si j’ai bien compris, ces classifications sont le fruit d’un consensus mais n’ont pas été fixées par la loi (gesetzlich). Vous verrez bientôt à quoi cela mène, cette « simplification ».

 

Mais bon, au dégustoir.

 

Pour le millésime 2012, je vous ai sélectionné (et bu en association avec un pavé d’espadon simplement grillé, accompagné d’un riz sauvage et d’une compote de fenouil à l’oignon, à la tomate et à l’ail, le tout dopé d’une huile andalouse TRES verte, cueillette de fin octobre, et d’un Schuß de citron) le Bacharacher Riesling trocken. Il correspond en fait à un Kabinett sec et titre 11,5 vol % avec effectivement très peu de sucre résiduel. La robe est jaune pâle, et le nez s’ouvre immédiatement sur des agrumes et un rien de levure. L’attaque en bouche est vive, le milieu de bouche très frais et la finale vous laisse un palais désaltéré. Il faudrait encore un rien plus de « mordant » avec des mollusques, mais sur ce steak de la mer, il a fait merveille.

 

En 2011, Christine et moi avons englouti en 1-2-3 le Bacharacher Hahn Riesling trocken, une autre paire de manches - altogether another kettle of fish ! La robe est un rien plus dorée mais c’est la mangue et la papaye qui sautent au nez. En bouche, beaucoup de glycérol et une grande complexité, avec un poil de fumé et d’amertume (botrytis noble ?). La finale est très longue et il traîne comme 7-8 gr de sucre. Cela a fait un vin de méditation (17 heures) excellent, accompagné de ... rien du tout (sauf quelques unités d’insuline pour moi, c’était l’heure). Mais ici

(13,5 vol %, soit 93 Oechsle environ), alors qu’on a déclaré un Spätlese, je suppose que le niveau était au moins celui d’un Auslese, car vous savez que les exigences légales dépendent à la fois du cépage et de la région de production. En outre, je croyais que, si on élaborait un « GG » avec mention du lieu-dit, on n’avait plus le droit de revendiquer cette Einzellage pour d’autres vins. C’est juste, sauf si on la possède en monopole ! Bref, tout a été changé, pour que tout reste comme avant ! Comment dit-on « Il Gattopardo » en allemand ?

 

Conclusion : deux magnifiques bouteilles, qui confirment la qualité

 impeccable de cette propriété, et une série de règles nouvelles

(« Classic », Charta Riesling ...) qui n’ont ni queue ni tête.

En BRD comme en France, ceux que j’appelle les « parasites » sévissent aussi : interprofessionnelles, bureaux publicitaires,

élus locaux en collusion avec les gros metteurs en marché etc ...

 

 

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