UNGEHEUER : UN MONSTRE DE PLAISIR

Forster Ungeheuer 2012
Forster Ungeheuer 2012

 

 

 

On va essayer d’y voir un peu plus clair

dans les « nouvelles » tendances

du classement des vins en Allemagne.

Enfin, nouvelles ... c’est vers la fin

des années ’90 que le VDP

(lire "vauw-dé-pé")

a décidé de remanier la manière

de communiquer sur les différents types de vin, pour inciter le consommateur étranger

à s’y intéresser.

 

 

 

 

l faut dire que la hiérarchisation était difficile à mémoriser, mais elle avait sa logique interne. Et puis, quel plaisir pour l’initié de déclamer – avant de le boire – 1995er Bernkasteler Doctor Riesling Auslese halbtrocken ... ! C’est plus sympa que : « Un bôjo », non ?

 

On a donc introduit la notion de « Erstes Gewächs » et aussi de « Grosses Gewächs », les premiers et grands crus, et une litanie d’autres types (Classic etc...) avec une série de règles, variables d’une région viticole à l’autre ... un grand foutoir. Les Allemands, dont j’apprécie tant le sens de l’organisation et la rigueur, se sont tranformés en ... Français en ce qui concerne le vin. Je n’appelle pas cela un progrès.

 

La bouteille qui nous occupe représente dans la gamme du Geheimer Rat Dr. von Bassermann-Jordan un créneau qui me plaît depuis 30 ans. On dit que le premier chancelier de l’empire allemand, Otto von Bismarck lui-même, appréciait beaucoup ce cru. On dit aussi que Napoléon premier buvait du Clos de Bèze. On dit enfin que Nicolas Sarkozy était particulièrement amateur de la parcelle qui donne du Cola light. Tous les grands politiques ont leur préférence.

 

Et que nous apprend son étiquette ?

Rien, à présent : Forster Ungeheuer Riesling trocken 2012, point barre.

Ce n’est pas tout à fait vrai car le A.P-Nr, c’est le numéro de la labellisation, donne des codes que les spécialistes arrivent à analyser. Mais là, on rentre vraiment dans le domaine des experts, pas dans celui de l’amateur éclairé de vin.

 

Et que nous apprend le site du domaine ?

Que ce Ungeheuer « S » (sec ou super, spécial, signature ... ?) est une rareté. L’automne 2012, idéal, a livré des moûts très riches qui ont fermenté pendant 4 semaines, pour s’arrêter d’eux-même. On ne parle pas de chaptalisation, qui aurait vraiment été contraire au standing de la maison à ce niveau de qualité. Donc, je pense que c’est un « petit » Auslese, qu’on a « abgestuft», comme on disait avant, rétrogradé. Ou alors c’est un Spätlese du desssus du panier. Par contre, s’il était resté du sucre résiduel dans la bouteille, le domaine aurait recouru au Prädikat traditionnel. Wahnsinnig !

 

Et le vin : splendide. Je viens de l’acquérir (Schraubverschluß bien entendu, c’est parfait) et il est dans sa prime jeunesse, avec encore ce qu’il faut de gaz carbonique captif. Il ne le perdra que très lentement d’ailleurs, grâce à son obturation hermétique. La couleur est jaune pâle, avec même une nuance verte. Le nez, sur le citron bien entendu, a aussi quelque chose à voir avec la mirabelle. En bouche – et surtout en accompagnement de ma côte de porc / tomate coeur de boeuf et poudre de paprika doux – l’attaque est vive, fraîche et droite pour développer ensuite un corps volumineux et une finale sans amertume, mais avec ce petit quelque chose de salé ... (un poil de botrytis noble ?).

 

Bon, sans rancune : je n’aime pas

votre nouvelle classification, messieurs d’Outre-Rhin,

mais le riesling donne les meilleurs blancs au monde.

Ça, c’est certain !

 

 

 

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