AMÉLIE PREND DU SOUCI DE LUC

Bonne fête, Luc !
Bonne fête, Luc !

Il est 7 h 40’ et je m’apprête à « remonter » la cuve N°9, avant de faire un tour de cave avec mon oenologue, dont le passage sera matinal par mesure d’exception.

 


 

Et le téléphone sonne :

 -         « Monsieur Charlier ? »

-         « Oui.»

 

Après s’être assurée qu’elle ne me réveillait pas, Amélie Nothomb me souhaite très gentiment ma fête ! Vous savez que la romancière ne se sert pas d’un programme de traitement de texte pour composer ses oeuvres et explique lors des interviews qu’elle s’astreint à une grande discipline d’écriture, se levant souvent avant l’aurore pour cette activité. Il y a du Georges Simenon en elle : notre Liégeois rendait des manuscrits quasiment sans rature à ses éditeurs et provenant toujours d’un premier jet ! Bien sûr, je n’ai pas leur talent – et encore moins leur imagination – mais moi, c’est l’inverse. Je sue sang et eau sur mes copies, les reprenant encore et encore pour leur donner visage presque humain. Gustave Flaubert faisait de même ... il y a donc quelque espoir.

 

Un premier moment de stupeur passé – sans tremblement, rassurez-vous – je me rends compte que nous sommes le 18 octobre, un vendredi préciserait mon frère qui a le sens des dates, et que c’est bien le jour de fête de mon saint évangéliste. Ni mon entourage ni moi n’avons l’habitude de cette célébration mais cette attention surprenante me fait plaisir.

 

Nous échangeons quelques mots : non, l’écrivaine ne se trouve pas à Perpignan mais je lui arrache la promesse de pouvoir lui faire voir un peu plus du domaine lors d’un prochain passage. Ma mère est arrivée en provenance du Bachten de Kupe la semaine dernière, « La Nostalgie Heureuse » dans ses bagages, et Christine vient de terminer l’ouvrage. Toutes deux l’ont adoré. Il traiterait d’amour perdu et d’échange spirituel et intellectuel, d’après elles. Je ne veux pas en savoir plus car j’appartiens à une génération qui sait encore lire et le volume vient de se positionner en ordre utile (14ème ou 15ème) sur la pile « à lire » de ma bibliothèque. Moi, des amours perdues,  je sais ce que c’est. Pour les échanges spirituels et intellos, je suis peut-être moins bien armé. A suivre donc.

 

Au moment même, mon prénom et la coïncidence de la date m’ont fait paraître ce coup de fil inattendu, certes, mais somme toute logique. Il existe peu de Luc sur terre. Nous nous sommes brièvement rencontrés l’an dernier et j’ai envoyé deux courriers à l’éditeur par après. Mes parents ont logé quelque temps à la résidence de l’ambassadeur de Belgique à Tokyo après que le famille Nothomb y eût tenu ses quartiers. Nous sommes tous lecteurs assidus de son oeuvre. Il est donc logique de me téléphoner le jour de ma fête.

 

Un second examen de la question met bien à mal ma théorie.

Peu de Luc, d’accord, mais plus d’un quand même. Pourquoi diable cette attention si douce ?

 

A mieux y réfléchir, peut-être le souvenir des bons grenaches de l’Agly, si prédominants dans la Cuvée Majou, demeure-t-il gravé à jamais dans l’esprit de notre compatriote, qui a toujours entretenu des rapports très forts, quoique variables, avec ce qu’elle peut boire et manger ? Elle nous le conte avec délectation au fil de ses pages.

 

 

 

NB : Je me ferai un plaisir, après lecture, de vous dire un mot du bouquin (Réf. en fin de texte). De même, j’ai pris quelque liberté avec l’illustration de la page de couverture, sans en demander l’autorisation préalable. Si Mademoiselle Nothomb ou son éditeur y trouvent à redire, je modifierai l’image de bonne grâce . J’envoie dès aujourd’hui par la poste un courrier en ce sens, avec ma demande d’autorisation. J’écris aussi à El Greco pour voir si le rendu des couleurs de son Saint-Luc lui convient et s’il ne faut pas corriger le strabisme du bon apôtre.

 

 

 

Réf : La Nostalgie Heureuse, chez Albin Michel (2013)

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Luc Charlier (lundi, 28 octobre 2013 13:40)

    Mademoiselle Nothomb m’a répondu personnellement que l’utilisation ici faite de son portrait ne la gênait en rien. Dans son message téléphonique, je remarque qu’elle prononce le « b » final de son patronyme. Dont acte.
    La famille d'El Gréco ne s'est pas manifestée, quant à elle. Pff, aucun savoir-vivre, ces gens.