PIC DU CANIGÓ OU BIEN MONTAGNE DES GÉANTS

Cliché pris sans objectif macro: indulgence (10 x 13 mm)
Cliché pris sans objectif macro: indulgence (10 x 13 mm)

 

 

 

 

Il fait un froid

d’Europe Centrale

sur le Riberal,

à plus d’un mois de Noël,

mais le chauffage

marche à nouveau

depuis hier.

 

 

 

 

 

 

 

Hier, orthographiant de travers les Carpates, j’ai passé une petite heure à « gougueuler ». Cela m’a remis en mémoire toute une série d’événements et m’a fourni un brin d’érudition supplémentaire. Je vais à présent vous en faire profiter.

 

En février ou autour de Pâques 1966, sur la piste de ski du Oeschinensee (Berner Oberland), affaibli par une hépatite infectieuse en incubation, je me suis cassé le tibia. Une belle fracture en spirale, sans déplacement, que le toubib local plâtra prestement – mon père, pourtant chirurgien infantile, avait quant à lui nié la fracture pendant presque 24 heures, jusqu’à ce que l’invention de M. Roentgen le confondît. A cet âge-là, on guérit vite : hépatocytes et ostéoblastes firent leur boulot avec ferveur, tandis que les cellules de Kupffer et les canaux de Havers ne me laissèrent pas en plan.

 

Les sports d’hiver suivants eurent lieu ... en Tchécoslovaquie soviétique. Une ennième grêve des médecins obligeait mes parents à fuir la réquisition d’une part, et le relatif manque à gagner qui l’accompagnait empêchait de choisir un domaine skiable occidental, plus onéreux, d’autre part. Je me souviens du jour de Noël (ou en tout cas sa veille) où une orange entière servait de dessert, déclenchant la convoitise du personnel, qui n’en avait qu’entendu parler jusqu’alors.

 

Nous logions dans une pension à ... Špindlerův Mlýn, cela ne s’invente pas. C’est la traduction de ce que les Allemands avaient baptisé Spindlermühle, le moulin d’un certain monsieur Spindler. J’ai appris plus tard que l’immortel Kafka y avait écrit son Château (inachevé) en 1922. Nous skiions sur des lattes en bois de location et je me rappelle d’une parka beige doublée d’une fourrure synthétique à la mode d’un duffle-coat. Nous avions, mon frère et moi, un bô-nais en toile à rabats, semblablement fourré : glacial, il faisait. Les carres des skis, déjà en métal mais très mal affutées, n’avaient que peu de prise sur le verglas. C’est sans doute là que nous avons appris à maîtriser assez convenablement les évolutions sur la glace, qui ... glacent d’effroi tant de skieurs.

 

La zone, appelée Krkonoše, la Montagne des Géants, appartient au massif bohémien, dans la région des Sudètes, à environ 160 km au nord-est de Prague. Il ne s’agit pas des Carpates. Ceux-ci ne font qu’effleurer le sud du pays, là où il est en contact avec l’Autriche et la Slovaquie.

 

L’illustration de ce billet, la seule que j’ai retrouvée alors que des broches similaires traînent dans une boîte quelque part, était fort à la mode dans le bloc de l’Est au cours des sixties. Celle-ci provient de la station voisine de Pec pod Sněžkou (en allemand Petzer), où nous avons dû nous rendre également je suppose. Elle jouxte les plus hauts sommets du pays, Sniejka (1.602 m), Studniční hora (1.554 m) et Luční hora (1.547 m).

 

Et chez nous ? Il y a bien plus d’un mètre de neige dans les stations catalanes, dont certaines ont ouvert hier. Les pisteurs ont fait un joli travail, même si on ne peut pas en dire autant de l’ineffable « DIRSO » (Direction Interdépartementale des Routes du Sud-Ouest) : comme souvent dans ce pays donneur de leçons, les services de l’état sont très nettement en retrait. Une bonne partie des accès aux stations n’étaient pas praticables lorsque les remontées mécaniques commençèrent à tourner.

 

En fait, depuis que je suis résident français, je n’ai chaussé qu’à trois reprises (en 9 saisons d’hiver), alors que je possède encore mon matériel propre, en bon état même s’il n’est plus « à la pointe du progrès ». Je m’en fous d’ailleurs, moi non plus. J’ai peur de m’abîmer, d’une part, car l’exploitation a besoin de moi. Je crains aussi que l’absence d’une surface importante de ménisques, et celle tout aussi remarquée de musculature, ne me « mette minable ». Mais en plus, les tarifs à la journée sont prohibitifs. Les directeurs de station se vantent de ce que le forfait, valable sur tout le réseau, soit 25 à 30 % moins cher qu’en Espagne ou en Andorre. Je n’ai pas vérifié cette assertion mais il coûte encore bien plus cher que dans la majorité des villages des Alpes, où le domaine, l’enneigement et les équipements sont pourtant beaucoup plus attrayants : toujours cette même démesure et cette même arrogance dans l’offre touristique des Catalans. Il n’est pas surprenant que Porté Puymorens soit toujours à deux doigts de la banqueroute, que le Puigmal ait décidé de jeter l’éponge cette année – sauf information contradictoire récente - et que tant d’autres n’équilibrent pas leur budget sans le secours des contribuables.

 

En fait, pour être tout-à-fait franc, je souhaite le démantellement

de toutes les installations de remontées mécaniques,

et l’enseignement du ski au départ des stations,

avec montée en « peau-de-phoque » et descente dans la poudreuse.

Je sais que c’est illusoire et supprimerait un certain nombre d’emplois,

mais encore plus, priverait de revenus plantureux des promoteurs

sans vergogne, mais puissants.

Aucune chance donc, mais il faut parfois rêver.

 

 

 

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