TROIS ORFÈVRES À LA SAINT-ÉLOI ...

Bijou original créé par "Au Grenat Laviose" (modèle déposé)
Bijou original créé par "Au Grenat Laviose" (modèle déposé)

 

 

Après avoir mieux

enfilé son pantalon,

Dagobert confia

la gestion

de ses finances

à l’évêque de Noyon,

orfèvre et monnayeur

de formation,

prénommé Éloi.

Kassav’, canal historique,

n’existait pas encore.

 

 

 

 

 

 

Depuis lors, les quincaillers, les ouvriers métallurgistes et les bijoutiers en ont fait leur saint patron et le vénèrent, de même que les charretiers, muletiers, armuriers, maréchals-ferrants. Tant de monde, cela vaut bien deux célébrations, oui da : le 25 juin (transport des reliques du saint à l’approche de l’été) et 1er décembre, un peu avant notre Saint-Nicolas.

 

Mon frère a été élevé par Emilienne, qui tenait aussi le rôle de cuisinière chez mes parents. Son mari, Jules, ouvrier métallurgiste, ne quittait la lecture de son quotidien – Germinal – que pour se rouler un clope ou bien, deux fois par an, pour aller défiler : à la Saint-Éloi et le jour du 1er mai.

 

Ici, les spécialistes du grenat ont mis sur pied une procession dans Perpignan, et c’est dimanche prochain. Si nous ne sommes pas en déplacement – c’est Christine qui décide – j’irai vous faire un photo-reportage.

 

Le grenat pullulait jadis sur les flancs du Canigou, la montagne sacrée des Catalans. Enfin, on en trouvait. A présent, son exploitation coûterait fort cher car les gisements sont profonds, nécessitent l’obtention d’une concession et sont situés soit sur des terrains privés, soit en zone de parc naturel ou de réserve protégée. Les approvisionnements arrivent de Madagascar, du Brésil et des Indes.

 

Le grand pétrographe Lacroix, mort en 1948, décrit dès le début du siècle la richesse gemmologique du site de Costabonne, au-dessus de Prats-de-Mollo, dont le gîte minéralogique constitué par les formations granitiques vieilles de 280 millions d’années contient entre autres des grenats. Mais le Bureau de Recherches Géologiques et Minières ne suggère pas d’y entreprendre une exploitation à caractère systématique.

 

Lisez ici les détails d’une rando qui vous mènera – 2465 m tout de même – au Pic de Costabonne en Vallespir. En partant du Tech, elle passe par le Col de Siern, avec la borne frontière 514 – je vous avais parlé ailleurs de ses soeurs 504 et 505 – et pénètre dans la Réserve Naturelle de Prats, avant de vous mener aux croix sommitales. Celles-ci font couler pas mal d’encre dans le département, où qu’elles soient implantées. Les randonneurs ont pris l’habitude d’y accrocher un petit colifichet, clin d’oeil de leur passage. Ce n’est ni bien offensant pour le Nazaréen, ni bien polluant à mon avis, mais les scouts de certaines paroisses traditionnalistes ne veulent rien savoir. Haro sur les ex voto !

 

Ce minéral, un nésosilicate au système cristallin isométrique, est une pierre fine qui peut prendre des couleurs très variées, allant du jaune et rouge-brun (= grenat) au vert et même au noir. Il s’agit de trois radicaux silicates combinés à des cations divalents ou trivalents, métalliques le plus souvent ou bien terres rares. Trois formes plus connues du grand public sont l’almandin et le pyrope (grenats alumineux), ainsi que la caldérite (grenat ferrifère). Assez durs – moins que le corindon (émeri) quand même – on les utilise parfois pour la confection d’abrasifs.

 

Les artisans du Roussillon ont acquis au fil des siècles un savoir-faire très particulier, et notamment une grande expertise du chaton, et les bijoux en grenat sont réellement emblématiques de notre région. La pierre, certes de qualité mais somme toute peu onéreuse, laisse libre cours à l’imagination des joailliers. Je ne vais pas vous assommer de technique – et l’industrialisation malheureusement en rapide développement même ici rend caduque mon explication – mais la pierre présente une taille spécifique (fond plat), est sertie dans une cuvette close et posée au-dessus d’un réflecteur de lumière qu’on appelle le paillon, à quelque distance pour rendre l’ensemble le plus lumineux possible.

 

Moi, un peu par hasard tout d’abord, j’ai été séduit par la production d’une famille établie au centre de Perpignan depuis quatre générations (1917). Au début de mon installation, mes proches ont reçu quelques petits cadeaux en grenat. Ensuite, Christine a pu leur confier quelques bijoux plus anciens qu’ils ont remis au goût du jour en réutilisant les pierres qui en valaient la peine (pas de griffes ni d’éclats) et en récupérant leur or. Leurs bijoux traditionnels (comme la Croix Badine par exemple) sont impeccablement manufacturés, mais ce sont leurs réalisations originales plus modernes qui m’attirent le plus.

 

Enfin, Monsieur Laviose m’a proposé d’avoir le droit d’utiliser une de leurs créations (modèle déposé) pour servir de remarquable illustration à l’étiquette de mon VDN de Rivesaltes, le ... Grenat de Coume Majou, tant qu’à faire.

 

Relevez, belles, votre blanc jupon ...

 

 

 

PS : lien pour ceux qu’un aspect léger ne dérange pas 

       http://www.youtube.com/watch?v=HQkkHNBZGtg

 

 

 

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