DIS-NOUS, CÉLINE ...

Bandol AOP, cliché lumière du jour (f / 1,8)
Bandol AOP, cliché lumière du jour (f / 1,8)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Encore un p’tit coup d’Bandol,

cela fait du bien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’était un soir, non, une nuit de septembre, il y a bien longtemps, durant les années ’80. M. et Mme Pascal m’avaient expliqué le chemin et « ils laisseraient brûler une lampe ». N’empêche, arriver si tard au fin fond du Plan-du-Castellet, en direct de Bruxelles, voilà une rencontre inhabituelle.

 

Marc Deconinck, le fondateur des « Amis du Vin », par ailleurs ingénieur dirigeant de gros chantiers de construction, avait déniché cet excellent cru, le Domaine Le Galantin, au Salon des Caves Particulières de Paris. Et les propriétaires, que je n’avais jamais vus, m’avaient convié à passer quelques jours de vacances dans le gîte qui jouxte la maison. Sympa, non ?

Et cela dure depuis trente ans.

 

Il y a 10 ans environ, mais cela s’est fait graduellement, la fille de la maison, Céline, a succédé à son père aux vinifications, même si tout le monde met la main à la pâte, même à la cave. Le premier bouleversement fut le rosé. Bien sûr, cette période a aussi correspondu au moment où, le rouge se vendant un peu plus difficilement sur l’appellation (comme partout), le vin rosé a pris le pas sur le reste, en volume en tout cas. Il faut savoir qu’actuellement, même en vrac, le rosé de Bandol de qualité atteint des prix très intéressants, surtout avec un rendement autorisé confortable. C’est ausi le moment où la clientèle a voulu des rosés très, très, très pâles. Je me demande parfois si leur intensité colorante n’est pas inférieure à celle de certains blancs.

 

Et Céline a élaboré des rosés de plus en plus fins, soyeux mais gardant cette salinité du Bandol et cette légère « iode » du mourvèdre. J’aime beaucoup ces vins, et oublie qu’ils sont si clairs en robe.

 

Pour le rouge, cela s’est passé différemment. Du temps du papa, première période, il n’y avait pas d’égrappoir, tout le vin passait dans de très vieux foudres de chêne (et peut-être même quelques-uns en marronier ?) rangés sur plusieurs rangées, et y restait ... jusqu’à ce qu’il pense à les mettre en bouteille. Chez beaucoup d’autres vignerons ou bien sur d’autres terroirs, cela aurait été la catastrophe. Mais Achille Pascal est un excellent vinificateur, d’instinct, et s’inscrivait aussi dans la tradition de qualité qu’imprimait Lucien Peyraud (Domaine Tempier) à une partie de l’appellation. En plus, les raisins du domaine étaient irréprochables – ils le sont restés – et son parc de tonneaux ne souffrait pas de reproche. Résultat : du vin rouge à l’ancienne de très grande qualité, comme on en trouvait aussi à Châteauneuf ou à Gigondas, ainsi que sur quelques propriétés provençales éparses. Je pense à Château Simone par exemple. Moi, je raffole de ces crus, encore toujours. Bien entendu, il fallait les laisser vieillir pour que les tannins (de raffle notamment) s’adoucissent et que tout cela « se fonde ». Mais alors, si le bouchon ne vous jouait pas de vilains tours, on obtenait au bout de 10, 15 ou même 20 ans quelque chose de succulent. Au Galantin, ce fut le cas du 1978 (sensationnel), du 1982, du 1985 .... tous des grands millésimes. Mais même sur des années moins reconnues (1979, 1981 et enfin 1987) le domaine a élaboré du très bon.

 

Ensuite - quel bouleversement ! - sont apparus quelques grands foudres tronconiques en merrain neuf (environ 70-80 hl de capacité), qui ont marqué le vin à la fin des ’80, et, surtout, on a commencé à égrapper (vers 1993 je crois). Et Jérôme, le fiston, a accompagné l’évolution de son père vers des vins un peu plus souples, plus axés sur le fruit, tout en gardant la structure tannique du Bandol. En même temps, on avait de plus en plus de ce beau mourvèdre, sans pour autant négliger les vieux grenaches du domaine. Le cinsault ne rentre que peu dans la compositon du rouge et le carignan est peu représenté. Le Galantin a gagné en popularité – les consommateurs veulent déboucher vite – tout en restant très ancré dans le style de la Bandolie.

 

Après, l’influence de Céline  - enfin, c’est mon interprétation, car la mise en place du Domaine de la Coume Majou m’a fait fréquenter un peu moins le bas de la Cadière et du Beausset  - s’est faite de plus en plus importante. Les vins rouges ont encore gagné en fruité et en accès immédiat, mais peut-être ne sont-ils plus élaborés pour donner au bout de trente années ces arômes de cuir, de goudron et de thym brûlé par le soleil qui me plaisaient également. Et ce n’est même pas certain : il faudra en laisser vieillir quelques bouteilles pour se faire une idée. Mais je n’y serai plus.

 

Dans les millésimes « récents », je vous signale l’existence d’un 1998 « spécial », que « Papy Achille » a élaboré pour la naissance de son premier petit-fils. Puis il y a eu une doublette d’enfer, 2000 et 2001, très mûrs, très alcoolisés, très charpentés, que je recommande aux amateurs des vins du sud.

 

Je vous ai récemment dit quelques mots du 2010 et nous dégustons ensemble le Galantin 2011, dernier millésime en bouteille (il faut 18 mois d’élevage, par décret), à la vente : robe grenat soutenu ; nez de pruneau, de framboise, de cassis et de cuir, très fruité ; bouche assez souple et harmonieuse, aux tannins ronds. Un Bandol de plaisir, avec la fermeté du mourvèdre en fin de bouche.

 

Non, non, non, ne rougis pas, non, ne rougis pas,

De ta mère tu possèdes les yeux,

Ne rougis pas, non, ne rougis pas,

Tu vinifies bien le Fontanieu .....

 

 

 

 

 

 

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