ENCORE NEUF FOIS DORMIR ...

 

 

 

... pour nos mises des rosés

et des blancs 2013 :

la tension monte.

 

 

 

 

 

 

 

 

Lorsque je me suis installé dans les P.O., c’était pour élaborer du vin rouge de type méditerranéen. Je pense que nous sommes restés fidèles à cette intention. J’avais aussi dans l’idée de produire un peu de vin doux naturel : j’ai à présent 5 millésimes de Maury (de type grenat, « vintage » si vous préférez) et 3 millésimes de Rivesaltes grenat à mon actif.

 

Les conditions particulières du millésime 2005, qui fut mon maiden voyage, à savoir une vendange post-posée pour cause de cave insuffisamment installée, m’incitèrent à élaborer du rosé avec les syrahs, sur le conseil de mon oenologue. J’ai ainsi mis le doigt dans un engrenage infernal. Cette couleur pose d’énormes problèmes si on ne choisit pas la voie du rosé « de piscine » ou « de barbecue », amylique, pharmaceutique et décoloré. Nous essayons de proposer un rosé de gastronomie, mais qui « n’effraiera » pas les gens. Souvent, les sommeliers nous suivent. Pourtant, la mode est au rosé extrêmement pâle, régulièrement moins nuancé qu’un blanc même, et léger-léger avec beaucoup d’acidité. Moi, je n’arrive pas à reproduire une couleur identique chaque année et je cherche aussi à développer la palette aromatique dans le sens d’un « vin blanc qui aurait certains arômes fruités du rouge et une petite présence tannique ». Cette année, j’ai réalisé deux assemblages différents. Nous mettrons en bouteuille le 4 février prochain le Rosé de Coume Majou 2013, qui se compose d’une grosse majorité de syrah. J’ai pressuré celle-ci le même jour que du vin blanc, ayant laissé les peaux du macabeu (incomplètement pressurées bien sûr) dans le pressoir avant d’y ajouter ma vendange. En outre, j’ai aussi utilisé – pour la première fois – la partie la plus en pente de mon excellent grenache du Clots d’en Couloms, qui rentre d’ordinaire dans la Cuvée Majou. Et enfin, j’ai reçu en « fermage gratuit » une petite parcelle de mourvèdre qui n’avait plus été taillée depuis 2-3 années (décès) et que je remets en forme. Cette vigne m’a donné quelques seaux de raisin (très sain alors qu’il n’a reçu aucun traitement phytosanitaire, même pas du soufre). On reparlera du tout une fois la mise terminée.

 

Le blanc est une anecdote aussi : en 2005-2006-2007, le macabeu a servi au vin rosé. En 2008, j’avais décidé de tenter un Rivesaltes ambré, avec la complicité du « Pape » de ce vin, nul autre que mon ami Jean-Hubert Verdaguer (Domaine de Rancy). Il m’avait prodigué ses conseils et même sélectionné deux barriques pour le vieillissement. Hélas, les sangliers ont fait une première razzia sur le Rec d’en Cruels et je n’ai pu récolter qu’un maigre 200 kg de raisin, qui a donné naissance au Cruels « deu mil wit ».

 

En 2010, nous avons élaboré notre premier blanc, agréable mais un peu léger. Je faisais mes premières armes. En 2011, une vendange parfaite et une période prolongée d’élevage sur les lies ont donné un vin qui m’a beaucoup plu, ainsi qu’à notre clientèle. Hélas, pas de raisin à me mettre sous la dent en 2012 (sécheresse et porcidés).

 

Cette année-ci, j’ai pu récolter mes macabeus, le petit peu de grenache gris que nous possédons et même, pied par pied, les vignes blanches éparses au milieu des parcelles de rouge, comme c’était courant jadis. On va donc pouvoir vous offrir plus de mille cols d’un blanc (macabeu > 95 %) très ample et sec. Je ne l’ai enlevé de ses lies fines que juste avant sa mise, et il profite d’un très léger collage.

 

Si tout va bien, vous en saurez plus la semaine prochaine.