UN AUTRE ROSÉ DE GASTRONOMIE

Syrah, grenache (+ mourvèdre)
Syrah, grenache (+ mourvèdre)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’auto-satisfaction

est

dangereuse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il se consomme de plus en plus de rosé. Le rosé est vendu avec une robe de plus en plus pâle, parfois moins nuancée qu’un blanc même. Le rosé est de plus en plus amylique, de plus en plus sulfité aussi.

 

Tout cela ne me convient pas. Il ne s’agit pas de me démarquer : le rosé m’est indispensable pour compléter ma gamme, mais il ne me fait pas gagner d’argent. Nous élaborerons finalement cette année 2.000 bouteilles de Rosé de Coume Majou 2013, pas assez pour diminuer le prix des étiquettes, les frais d’analyse et les frais de mise en bouteille.

 

Depuis 3-4 ans, notre gageure, à Christine et à moi, aura été de proposer un rosé de gastronomie, et de le faire accepter dans les meilleurs établissements.

 

Ici, plutôt que de vous vanter mon vin – je trouve le 2013 particulèrement réussi – je vais tenter de vous montrer que, au-delà du raisin, les choix du vigneron ont une influence réelle sur le résultat final. En France, il existe à présent un verbe horrible, qui n’est pas français dans cette acception d’ailleurs : on dit « impacter » !

 

J’ai vendangé au moins cinq parcelles différentes, mais le même jour : bonjour l’organisation. Mes 7-8 vendangeurs – nous travaillons avec une toute petite équipe – m’ont considéré comme fou ce jour-là, surtout qu’on n’a rentré que 2.500 kg de raisin au total. Certains d’entre eux travaillent aussi pour des plus gros domaines ou des caves coopératives et rentrent alors en une heure ce que nous avons mis une journée à cueillir. D’aucun pensent que des structures comme la mienne doivent disparaître. Ce sont les mêmes qui vont se goinfrer dans les « buffets à volonté » qui fleurissent.

 

La base reste la parcelle de jeune syrah (2002) au sommet de la Coume Majou. J’ai rajouté ses raisins sur les peaux du macabeu dans le pressoir et ai « serré » un peu plus que d’habitude (0,4 – 0,6 bar), mais surtout en maintenant des paliers de pressurage plus longs. En outre, nous avons vendangé deux grenaches d’Estagel (petites parcelles argilo-calcaires avec d’énormes galets de rivière) et le petit peu de mourvèdre (< 5 %) d’une parcelle qu’on m’a donnée en fermage gratuit à Tautavel, mais qui nécessite encore du travail pour la réhabiliter. Elle n’a reçu aucun traitement de ma part le printemps dernier (même pas de soufre) et était exempte de maladie cependant. Va-t-en comprendre !

 

J’ai levuré le 16 septembre (forcément à la même date que mon blanc, puisque le pressoir a servi pour les deux successivement) et la fermentation alcoolique était terminée le 5 octobre. Il reste également 2 gr/l de sucre résiduel. La fermentation malo-lactique n’a pas eu lieu. Après un très léger collage (ichtyocolle à petite dose), nous avons filtré correctement le vin au moment de la mise, sans le resulfiter.

 

La robe fait penser à de la kriek, en moins foncé. Les premiers arômes sont du melon et de la cerise, avec une touche d’angélique. En bouche, le vin est à la fois souple et vif, avec beaucoup de volume. Il termine sur une petite pointe de tannins – pardi, c’est du vrai rosé ! – et une jolie acidité (pH = 3,5 et presque 4 gr d’acidité totale). On ne titre que 12,39 vol % d’alcool.

 

Ce rosé décevra les amateurs de « rosé de piscine », à boire glacé par choppes entières au cours des garden-parties ensoleillées. Il n’est pas conçu pour cela. Par contre, si vous servez de la tapenade en zakouski à vos invités, ou du caviar d’aubergine, ou du tarama (maison) ou encore de la brandade de morue, vous m’en direz des nouvelles. A table, dès que l’estragon s’invite (même une béarnaise ou une choron), il fonctionne très bien. Enfin, et surtout, consommez-le sur les fruits de mer assez iodés (pousse-pied, solen, violet, clam, oursin ...) et, bien entendu les poissons de roche. Incontournable sur la rascasse et le mérou. Au dessert, n’oubliez pas les soupes de fruits rouges (fraises, framboises, myrtilles ...) et ajoutez-y un rien de menthe poivrée ou quelques graines d’anis vert.

 

 

A votre bonne santé.

 

 

 

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