TROIS ANS DÉJÀ

 

A l’automne 2011, l’équipe du traiteur Fonteyne The Kitchen venait d’achever la rénovation du fantastique entrepôt

qu’ils possèdent en banlieue bruxelloise : je n’avais jamais vu de frigos, d’ateliers, de laboratoires et de locaux d’accueil aussi modernes et fonctionnels dans ce métier en Belgique.

 

 

 

 

Et c’est dans ce cadre-là que nous avons défini ensemble les grandes lignes de notre collaboration : des cuvées spécifiques conçues pour le genre de cuisine proposée tant dans les parties « table d’hôte » que dans les magasins « traiteur » et portant leur étiquette propre.

 

Je ne vous cache pas que cette gageure m’excitait du point de vue des vinifications, me permettait aussi de pérenniser un peu plus mon domaine et ouvrait un pan nouveau d’activité : la collaboration. En effet, c’est la Direction qui m’a indiqué vers quel type de vin aller – à charge pour moi d’y répondre – et qui a conçu les étiquettes.

 

On a d’abord élaboré – cela fut le plus facile – un assemblage de type Côtes-du-Roussillon, tout en restant plus “sage” dans le degré et l’extraction que ma propre Cuvée Majou. Ensuite, on m’a demandé un rosé, mais plus « printanier » et à la robe plus claire que le rosé de table gastronomique que j’élabore ici. Et puis, quand c’est possible, on attend de moi du vin blanc. Enfin, on a produit deux cuvées de « vins de cépage » rouges : 100 % grenache noir et 100 % syrah.

 

Mardi dernier, un transporteur – belge habituellement mais qui avait cette fois commissionné un collègue embauchant un chaufeur portugais suite à des indisponibilités de personnel – a emporté mes palettes de la commande 2014 vers Forest. Vous aurez très bientôt les bouteilles à table et dans les présentoirs. Pourtant, le départ fut difficile. Ce garçon, au demeurant très aimable, avait de la place dans son semi-remorque mais ne connaissait pas les formalités douanières propres au vin. Entre son dialecte et mes connaissances poussiéreuses de la langue portugaise, il ne fut pas si facile d’établir la lettre de voiture.

 

La  Syrah, en droite ligne du sommet de la Coume Majou, s’efforce de garder son fruité et d’exprimer la fraîcheur du schiste. C’est un numéro d’équilibriste entre une maturité phénolique suffisante et un degré alcoolique restant bas. On appelle cela un « vin tendu » parfois.

 

Le Rosé m’a réellement amusé. J’ai assemblé, dans le pressoir, des grenaches de Maury cueillis à la fraîche, en petite quantité, et une majorité de syrahs précoces. On a maintenu des paliers de pressurage longs mais “légers” (0,2 bar) et le vin a ensuite gentiment fermenté tous ses sucres. Je l’ai soutiré aussitôt, il n’a pas fait la fermentation malo-lactique et nous venons de le mettre en bouteille après une filtration soigneuse mais un appoint de sulfite minimal. Ce vin ne doit effectivement pas s’oxyder dans les rayons en vous attendant, mais il doit vous laisser la tête fraîche aussi. Rien de pire que ces rosés qui « cognent ».

 

 

Le Blanc me plaît beaucoup. Vous savez que je ne peux compter chaque année sur les raisins du Rec d’en Cruels, car les sangliers y passent parfois avant mon équipe de vendangeurs. En septembre 2013, j’ai eu la chance d’arriver à les devancer. Résultat : un 100 % macabeu bien aromatique et vif, gardant un rien de gaz carbonique captif pour la fraîcheur et titrant seulement 12,5 vol % en alcool.

 

 

 

Ils vous attendent !

 

 

 

 

 

 

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