NE FAIS PAS LE BENEIX

On était loin des 37,2°
On était loin des 37,2°

 

 

Une autre

facette

de Gruissan

 

 

 

 

 

Au moment où le film est sorti (1986), je n’avais pas réalisé que le plus gros succès commercial de Beneix se déroulait en fait dans l’Aude, version « gavache* » d’un road movie américain. De même que ce n’est qu’aujourd’hui que je situe sa deuxième partie à Marvejols, jolie bourgade en marge du Gévaudan dont l’unité de dialyse est gérée par un néphrologue ayant fait sa formation sous la férule du professeur Van Ypersele, mon ami Dilaver.

 

Le site est incroyable – en hiver. Vous ne voyez ici qu’une infîme partie des centaines de bungalows sur pilotis qui occupent la Plage des Châlets, à l’extrême pointe maritime de Gruissan. Nous avons discuté avec les quelques rares résidents qui bravaient une tramontane glaciale : entre 4 et 6°C sous abris, mais une température ressentie négative à cause des rafales à près de 100 km/heure.

 

L’un d’eux, excellent tarpé entre les doigts dont les bourrasques avivent l’aromatique combustion, vit là depuis 14 ans et me confirme que l’hiver est réellement agréable sur ce bout de terre hors du temps. Par contre, l’été amène une faune nombreuse et bruyante (luna-park etc ...), ainsi que les petits mosquitos qui n’arrêtent pas de molestar.

 

Un autre, exploitant en retraite de carrières dans le Minas Gerais, Castrais d’origine mais néanmoins amateur nostalgique des filles d’Ipanema – on le comprend -, nous a expliqué qu’on a remonté la plage d’un bon mètre après la dernière guerre mondiale, ce qui a considérablement modifié l’habitat. Au départ, les constructions reposaient sur des madriers de bois pour les placer à bonne hauteur des vagues, lorsque l’eau montait trop en cas de tempête. Ensuite, l’occupant allemand ayant fort abîmé le site, il fut question de le raser. Au lieu de cela, on empêcha l’eau de s’élever autant. Les châlets furent donc « enterrés » - on en voit encore quelques-uns de la sorte – ce qui veut dire que leurs pilotis en bois pourrissaient lentement dans le sable sur une bonne partie de la hauteur. Dans un stade suivant, on a remplacé le bois par des piliers en béton, rehaussant encore les plates-formes (pluriel logique, pour une fois) et leur conférant l’aspect actuel. Au niveau du sol, l’espace dégagé permet de ranger les véhicules ou, au contraire, a été transformé en rangement, en atelier, en remise, par des cloisons fermées.

 

Au moment de notre visite, la lumière encore hivernale, froide et métallique mais d’une rare brillance, donnait à l’ensemble un genre de mystère et faisait paraître surréalistes les lourds nuages d’averse. J’ai a-do-ré ce moment, qui m’a fait penser à un coucher de soleil dont j’ai été témoin sur la plage de Durness, tout au nord de l’Ecosse, en 1983 !

 

J’ai cherché sur les balcons les recoins les plus secrets de Béatrice Dalle,

ou le son des ahanements de Jean-Luc Anglade, en vain.

Que Dalle !

Et puis, je n’avais pas d’oreiller sous la main ...

 

 

* Gavache désigne de manière générale les "étrangers", tant en catalan que dans les parlers occitans. Le vrai "gabatxe" serait surtout le vacher inculte qui descendait de la Montagne Noire pour gagner sa pitance durant quelques jours sur le versant sud des Cévennes, au bord de l'Orbieu.

 

 

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