FAIT DIVERS EN DIRECT

Victime à l'extrême gauche de l'image
Victime à l'extrême gauche de l'image

 

 

 

 

Mon goût de l'anecdote

se double ici du

plaisir de la chronique,

en dépit de la

détresse sous-jacente.

 

 

 

 

 

Nous longions la D 13 au niveau du Bellevédère de Mallet en direction de Faverolles, ce vendredi, un peu après midi. On décide de jouir du point de vue mais la Civale a faim, je le sais, vu l'heure. Tandis que je vais inspecter le menu d'un petit troquet situé de l'autre côte de la route, Christine prend langue avec un habitué des lieux qui scrute à la jumelle une scène en contrebas, sur le banc de sable laissé par la Truyère à mi-chemin de son étiage.

 

Apparemment, des spectateurs auraient vu une femme arrêter son véhicule sur la rive et se précipiter à l'eau en courant, pour ne plus réapparaître. Ici, le récit devient contradictoire - ah, la fiabilité du témoignage humain ! - mais on aurait ressorti le corps de la désespérée de l'eau, puis les secours seraient arrivés, jusqu'à et y compris un hélicoptère médicalisé, visible à l'extrême droite de ma photo.

 

Pour la suite, c'est le quotidien "La Montagne" qui nous l'a apprise. Voir ICI.

 

Au risque de passer pour un cynique, ce genre d'épisode me force à poser une série de questions, d'autant que j'ai été confronté des dizaines de fois dans ma vie précédente à des événements semblables. A chaque fois, poussé par l'entourage, par les conventions et sans doute par une obligation légale, je suis intervenu. Parfois, j'ai pu "sauver" (?) une vie, parfois, j'ai échoué.

 

Voici mes questions:

. doit-on intervenir? Légalement, sûrement que oui.

. peut-on forcer la volonté de la victime? Ethiquement, pour moi la réponse est non, sauf quand on a la certitude qu'il ne s'agit que d'un "appel au secours" (adolescent après une déception amoureuse p.e.) ou bien lorsque la victime est sous influence de produits (parfois des médicaments) susceptibles d'altérer son jugement.

. est-il "normal" de déployer un tel arsenal, allant jusqu'à l'hélicoptère, alors que certaines maladies ne profitent pas d'un traitement optimal par manque de moyens financiers?

. faut-il mobiliser tant de monde - regardez le nombre de véhicules d'intervention - pour un seul événement, au risque de rendre ces personnels indisponibles pour d'autres appels? Sûrement pas, mais la politique du "parapluie", la déresponsabilisation et le manque d'organisation qui caractérisent la vie publique française sont en cause.

 

Je présente mes condoléances aux proches de cette inconnue, et compâtis à leur douleur. J'espère qu'ils ne seront pas choqués de mon point de vue : je sais que tout le monde ne le partage pas. Les attitudes un tant soit peu libertaires ne sont guère populaires en ces temps où tout doit venir de l'autre, où l'état est appelé à remplacer tout libre-arbitre et où le sens des responsabilités individuelles n'est plus gère de mise.

 

Peut-être est-ce en amont que notre société devrait faire un effort : plus de moyens pour les travailleurs sociaux, meilleures structures d'accueil pour le désespoir, meilleur remboursement des prestations des professionnels de la psychothérapie et .... plus de chaleur humaine dans les villes.

 

 

 

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