TU VIENS, CHERI ?

Un vendredi soir ... sur la terre
Un vendredi soir ... sur la terre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En entendant ces mots,

j'ai cru rêver ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais c'est mon ouïe défaillante (elle aussi) qui me jouait des tours, comme jadis près de Vouvray. Point de gourgandine médiévale, point de parfaite imparfaite en ce bastion cathare, point de Roxane n'ayant nul besoin d'arpenter la nuit, point de rua do Capelao, c'était Christine me priant de hâter le pas d'un : - "Tu viens,

Minou ?" plein de reproches.

 

Dame, c'est que nous étions attendus dans le Jardin de l'Evêque par les directeurs de l'Hôtel de la Cité et leur staff pour le lancement de la saison d'été de leur "Terrasse". Christine donc, légère et court vêtue, allait à grands pas. Moi, pourtant pas malhabile, j'avais enfilé pantalon jaune et souliers plats.

 

Les plus observateurs remarqueront le petit ensemble noir en mousseline de contrebande de la Civale, son carré faisant keffié de chez Kermesse en soie de contrefaçon mais aussi, sans aucun faux-semblant, la jolie sacoche Delvaux dont je lui avais fait cadeau une paire d'années en arrière ...pour ses quarante printemps. L'avantage de cette marque, c'est que son design et la qualité de son cuir sont bien supérieurs à ceux de Chancel ou de Lewis Guitton, mais que personne ne la connaît en France. On ne passe pas ainsi pour des parvenus ostentatoires, évitant le reproche adressé à certains vignerons lorsqu'ils se lâchent un peu et s'offrent un petit plaisir trop voyant, un 4 x 4 Mercedes toutes options par exemple. Vous voyez ce que je veux dire. 

 

Le concept de cette terrasse est original, et surprenant pour un ressortissant

belge : chez nous, avec 260 jours de pluie par an, cela ne marcherait pas. Ici, et c'est ce que m'expliquait M. Pujol, on peut prévoir le climat avec un degré de certitude satisfaisant, surtout de juin à septembre. Si une ondée menace, on n'ouvre pas le jardin. Et si une petite averse vient à éclater quand même, le service est suffisamment flexible pour que le repas prenne fin dans des délais raisonnables. Donc, snack au grand air possible. Attention quand même aux fruits du mûrier de belle taille qui trône en plein milieu: ces baies succulentes laissent des taches indélébiles sur les cols de chemise. Par contre, pour boire, cela permet d'avoir son verre à soi (drôle). 

 

Au-delà des plats de type "brasserie", sous la surveillance de Jérôme Ryon, le chef étoilé du restaurant gastronomique, la carte des vins reprend une série de références du livre de cave d'à-côté.

 

Et c'est ainsi que nous avons fait la connaissance d'un collègue à double titre (médecin et vigneron), dont j'avais eu le plaisir de déguster l'exquise roussanne auparavant, et qui nous a fait découvrir des mourvèdres et des carignans "tout à fait corrects" pour utiliser une litote très à la mode, ce qui vaut autant qu'un understatement. Il s'agit du sympathique Jean Lignères, qui partage la proximité du village de Moux, au pied de la Montagne d'Alaric, avec notre excellent ami Guido Jansegers. Mais nous reparlerons de tout cela plus tard : je ne vais pas faire de pub aujourd'hui aux vins des "gabatch' ".

 

Enfin, nous avons eu le plaisir de découvrir longuement la nouvelle présentation du livre de cave de la Barbacane avec son auteur, Baptiste.

 

Après avoir suivi pas à pas un des sommeliers les plus respectés dans la profession que la France ait connu depuis 30 ans, Georges Gracia, dont il a été le second pendant deux ans, c'est lui qui a repris les fonctions actuellement. Appartenant à la famille Bonneau, des viticulteurs à Châteauneuf, et lui-même originaire de Pujaut, dans cette belle Provence mi-gardoise, mi-gardiane mais déjà ancrée dans le Vaucluse, il est venu arracher son diplôme de sommellerie à l'école de Béziers qui ne les lâche pas facilement. Nous l'avions rencontré deux fois déjà dans l'exercice de ses fonctions, mais cette fois ce fut plus "relax", après le service et ... fort tard. Il a construit sa carte en partie sur le prestigieux fond de cave existant, bien sûr, mais aussi en mettant le cap au sud, résolument. 

 

En voilà une idée qu'elle est bonne, d'autant que les price tags en sont modérés. C'est comme cela qu'on parle à Carcassone en été, car la Cité doit être un des sites français les plus fréquentés (le Mont Saint-Michel, la Tour Eiffel, le Pont du Gard ... ne sont pas mal non plus). 

 

Baptiste aime le vin, ce qui n'est pas toujours le cas de tous les sommeliers. Baptiste paraît plus jeune que ses vingt-cinq ans mais il parle déjà avec assurance et a manifestement la sommellerie dans le sang : il sait écouter mais aussi persuader sans s'imposer.

 

Il va faire un malheur quand il aura pris 30 kg de poids corporel

et se sera laissé pousser une moustache de sapeur.

 

 

 

 

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