EGIA TEGIA OU "IL NE FAUT PAS TOUT MELANGER "

Un millésime récent
Un millésime récent

 

 

 

Il faut s'y reprendre

à deux fois pour bien juger,

les idées comme les gens.

Un "illuminé" parlait de

vinification au bord de la mer, sous l'effet des marées, dans de grandes cuves en béton disparaissant sous le niveau de l'eau, mais rigides

et parfaitement pleines.

Il nous affirmait que ces conditions physiques influençaient le vin.

Ce fut le début de ma relation amicale avec Denis Boireau,

un ingénieur ayant pourtant

le goût de l'ésotérisme.

Il m'a soutenu dans mon affirmation qu'aucune

justification physique

n'était possible à cette ineptie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ici, il ne s'agit pas du tout de cela. Emmanuel Poirmeur est certes oenologue - et il en existe de farfelus aussi - mais également ingénieur agronome. Si vous voulez le connaître un peu mieux, cliquez ICI.

 

Il tente de rétablir un vignoble, et de faire reconnaître une appellation sur la côte basque, dans la commune d'Urrugne, en pleine corniche avant Hendaye. 

 

Vendredi soir, après une journée sur les chapeaux de roue - de dégustation en dégustation, puis d'activités à type "familial" - il était 22 heures lorsque nous avons enfin trouvé une table à la fois accueillante, dans nos prix et qui voulût de nous. Nous avons posé nos séants au bord de l'océan, entre Ciboure et Socoa, devant le phare et tout contre la jetée, pour une assiette de jambon de montagne et une soupe de poisson: excellentes toutes les deux.

 

J'aperçois à la carte des vins: " seul vin de la Corniche", et tarifé à 16 € ! L'adorable serveuse nous le recommande: - "Moi, je le bois avec les huîtres; il est acide; il pétille et il ne donne pas mal de tête." Elle ferait une bonne sommelière, la petite.

 

Nous goûtons - elle l'a fait gicler dans nos verres avec un bec verseur et il a dégazé, dégazé, dégazé : on dirait du sauvignon assez vert, très frisant, avec encore un goût de levure. Son amertume est fraîche, son acidité agréable et il est sec comme une trique. Quant au SO2,  je pense que l'absence de mal au crâne de Christine par après atteste de sa rareté. Au total, cela aurait pu être un Vinho Verde, un Gros Plant ou même un Sylvaner assez "tendu". Nous avons liquidé la bouteille en une-deux-trois.

 

Bravo au vigneron.

 

En fait, c'est surtout du .... chardonnay (et peut-être un peu de colombard et d'ugni blanc). Le bonhomme travaille la vigne au quad (bonne idée). Les vinifs ont lieu dans un vieux local sauvé de la démolition à Ciboure, qui servait d'arsenal pour la poudre du fort de Socoa.

 

Mais ce n'est pas tout: la contre-étiquette stipule (Cuvée Dena Dela) : "Vin partiellement vinifié sous l'eau à 15 mètres de profondeur dans la baie de Saint-Jean-de-Luz". Et là, je m'insurge: "Aïe, un illuminé de plus; un steinerien mâtiné de conte d'Andersen ou de Giraudoux. Ondine, la Petite Sirène et la Chronique d'Akasha réunis!". Pas du tout: une partie de son vin subit une deuxième fermentation (il chaptalise donc, je suppose) dans des récipients rigides en matière synthétique, bien entendu imperméables à l'eau mais qui seraient poreux au gaz ! 

 

N'oubliez pas que je suis néphrologue de formation et que les machines d'osmose inverse ont réglé mon existence pendant dix années. Les membranes semi-perméables, cela m'intéresse, mais PAS comme concentrateur, messieurs de la Gironde ou de la rive droite.

 

Donc, je peux parfaitement envisager que la (re-)fermentation régulée au gré de la contre-pression (osmotique et barométrique) de l'océan puisse modifier et le dégagement gazeux, et le métabolisme des levures. Point de magie ici, point de guru-isme, simplement de la physique appliquée aux besoins levuriens.

 

La seule question est : a-t-on besoin de tout cela? La réponse est multiple mais: si cela permet de ré-établir un vignoble viable là-bas, si cela permet à ce garçon de vendre son vin (qui est bon); si cela fait parler de lui, si cela ajoute une dimension artistique et créative à son activité, alors OUI, à 100%.

 

 

Vive le vin élaboré sous l'eau. 

Il en est bien élaboré pas des salauds,

mais ceci me plaît beaucoup moins. 

 

 

 

 

 

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