LA TOUR BARBEROUSSE

Au milieu du delta de l'Aude
Au milieu du delta de l'Aude

 

 

 

 

Je vous ai déjà parlé souvent de Gruissan,

que je n'ai pourtant découverte que depuis quelques mois :

 

 

 

 

nous y avons fait des balades sur les quais de la marina, je vous ai montré les hiboux pastiches servant sans doute d'épouvantail à mouettes, je vous ai photographié quelques jolis gréments en bois, je vous ai rappelé les maisons sur pilotis de Béatrice Dalle dans 37,2° le matin ...

 

Cette fois, c'est au tour de la tour qui trône sur le promontoire servant jadis de repère pour l'entrée du port de Narbonne. Ben ouais, là où on voit danser l'eau au fond des golfes clairs avec des reflets changeants.

 

Le château existe déjà en 1084 mais son promontoire n'est qu'un îlot austère, en pente et entouré de fonds profonds. On y trouve surtout du guano gluant. Quelques cabanes de pêcheurs permettent toutefois de s'asseoir pour mélanger des couleurs et respirer le grand air des poissons affectueux, à ce qu'on dit du côté d'Astaffort (F-47015). 

 

Avec le temps, le piton rocheux est fortifié et sert de refuge contre les Barbaresques, bien avant que des hordes de Germains à la peau toute blanche - puis cramoisie - et des centaines de caravanes de "gens du voyage" à la peau toute foncée et matte ne constituent les nouveaux envahisseurs des lieux. Les Kindern et les tiknés aiment beaucoup ces bords de mer. Faut dire que les filles y étaient chouettes. 

 

Donc, au début du deuxième millénaire, la Tour de Gruissan permettait de surveiller la côte et éventuellement de se réfugier. Elle possédait une citerne de 60.000 litres d'eau. Avec le temps, et notamment l'apparition de l'artillerie, il a fallu renforcer les murs et transformer le tout en une espèce de casemate. Par chez nous, c'est à la bataille de Crécy (1346) que les bombardes firent leur apparition, grâce aux progrès réalisés dans les techniques de fonderie. Les premiers "canons" furent ensuite très vite embarqués pour servir sur l'eau aussi. 

 

Très tôt, la tour devint une prison idéale. On ne peut y accéder - et donc s'en échapper - que par un seul endroit et ses abords sont tous très exposés à la vue, d'où une surveillance facile.

 

Et puis, badaboum, ce farceur de Louis XIII ordonna la destruction de l'ouvrage. On se servit des pierres pour des bâtiments du village mais aussi pour la cathédrale Saint-Just de Narbonne, toujours inachevée à ce jour d'ailleurs. Mais la tour - édifiée en 1247 par Guillaume de Broa, alors archevêque de Narbonne - resta debout. On pense que son nom provient de la crainte inspirée par l'amiral en chef de la flotte ottomane, Khizir Khayr ad-Dîn "Barbe Rousse" mais un autre candidat éponyme de valeur pourrait bien être un "plus petit poisson", et non cette grosse légume: un certain Gaspard Dot surnommé Barberousse ou Barberoussette, mi-pirate mi-corsaire écumant le Golfe du Lion au 16ème siècle, au départ du Mont Saint-Clair de Sète. 

 

A présent, bien retapée par la mairie depuis 2007, la tour se visite jusqu'à la tombée du jour. Le vent s'y engouffre toutefois avec véhémence. Vous savez, ce vent fripon qui vous incite à faire gaffe à vos jupons comme le chante le poète, mais aussi plus prosaïquement à vos frites congelées et à vos macdos suintants. 

 

Cela étant posé, Gruissan me plaît tellement qu'on va quand même essayer

d'y identifier un restaurant succeptible de nous mettre à la carte.

 

 

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