N'Y ALLEZ PAS, JE VOUS L'AI BIEN DIT 1000 FOIS

Thonine pêchée dans le Bès
Thonine pêchée dans le Bès

J'ai passé toute la journée

dans la cave, et n'ai pas

mangé depuis hier soir.

Ma bouche est passablement

entamée par la dégustation de

dizaines de vins

relativement jeunes,

bruts de cuve, à 23-24 °C

mais heureusement sulfités

a minima

 

 

Après avoir porté les échantillons au labo - je finalise les étiquettes et il me faut donc, entre autres, les degrés alcoolométriques exacts - j'avais décidé d'acheter un peu de poisson. Nous avons mangé un pavé de merlu magnifique chez Gilles Bascou lundi soir, et un dos de cabillaud tout à fait correct chez ... Léon soi-même, hier soir. La partie fine du filet, sans doute un peu plus délicate, est difficile à cuisiner. Par contre, le gros du dos s'accommode bien d'un court-bouillon, et je stoppe le gaz à la première reprise de l'ébullition. Avec ce système, une dizaine de minutes de pochage suffit et cela ne revient pas à une minute ou deux. Je mets un rien de bouillon de viande dans mon eau. Quand il fait chaud, je suis très "poisson".

 

Malheureusement, là aussi, notre département ne fait pas le poids au niveau du service rendu. Il se pêche du poisson en Méditerranée - de moins en moins - et il se vend très bien dans l'Aude, encore mieux dans l'Hérault et le Gard, pas mal dans les Bouches du Rhône et le Var etc .... Ici, les petits métiers proposent leur capture le matin, à quai, notamment à Port-Vendres ou à Saint-Cyprien mais cela fait loin pour nous d'autant que les plus belles pièces sont retenues pour les bons restaurateurs et ensuite pour les acheteurs très matinaux. Il y avait un poisonnier de qualité à Ille-sur-Têt, il a fermé boutique quand Carouf a ouvert dans la zone commerciale. Celui de Saint-Estève est HS à cause de l'incendie qui a ravagé les commerces du pôle commercial de cette commune il y a quelques mois et le plus connu du département, qui est aussi ostréiculteur, n'est pas chez moi en odeur de sainteté. En effet, je ne trouve pas que Boniface ait bonne figure. Quant à celui de la Place des Poilus, l'ancien marché au poisson, il ferme de bonne heure et il faut se taper le centre de Perpignan. 

 

Bref, il ne reste que la GD : beurk ! 

 

J'ai donc franchi la porte de l'hypermarché du Soler, à 10 minutes de chez moi et sur le chemin du labo. Eclairage bleu-blanc chirurgical, ambiance de hall d'aéroport, odeur de Javel, air-co à fond et .... absence quasi générale de chalandise et de personnel. Il y a un étal de poisson assez bien fourni, mais dont vous devez négliger toute la partie "décongelée", qui avoue son âge, et toute la partie "élevage" : je ne mange que du poisson sauvage, par précaution. Hélas, pas de vendeuse. J'en profite pour mettre mon nez sur des marbrés, qui sentent la mer et doivent bien peser 500-600 gr, ça va. Mais ils sont un peu chers. Et puis, il y a 3 jolies thonines. Vous savez, ces espèces de petits thons qui sont en fait des bonites et qu'on pêche dans tout l'Atlantique, le long des côtes car ce ne sont pas des migrateurs. Il y en a à satiété en Méditerannée aussi. Très jolis spécimens, à 8 euros le kilo ! Mais leur poids dépasse probablement les 6 kg, un peu trop pour Christine et moi.

 

Au bout de 5 minutes, toujours pas de vendeuse mais le boucher (franchisé) d'à côté me signale qu'on va s'occuper de moi. En fait, il sert ses derniers clients - encore 5 minutes - et .... vient en personne dans son tablier maculé de sang rouge. Je lui montre les bonites car j'en souhaite deux tranches et il me répond qu'il ne sait pas comment les entamer mais que là, il y en a déjà de coupées. Eh non, ça c'est de l'espadon ... 4 fois plus cher et néanmoins un peu défraîchi. Il me confesse qu'il n'y connaît rien. J'ai failli prendre 2 marbrés (une variété très savoureuse de daurade aux flancs tous rayés) mais il ne me les aurait certainement pas vidées. J'aurais pu m'en charger moi-même mais considère que cela fait partie intégrante du service auquel a droit le client, ainsi que l'écaillage de la peau. Je l'ai remercié.

 

A l'accueil du magasin, je n'ai pas engueulé la pauvre préposée qui n'y est pour rien. Elle m'a confirmé que la responsable (ah oui ?) de ce rayon "était en pause" (vers 16h30 - 17h, NB), que beaucoup de clients venaient se plaindre à ce sujet etc .... Le gérant n'en a que faire et il était absent, lui aussi. Il n'a qu'à fermer l'étal à poisson alors, ce sera plus honnête. Mais ses primes s'en ressentiront et ses actionnaires ne sont pas d'accord. 

 

Je suis sorti, l'air digne, à contresens du canal d'entrée et sous la barbe de l'agent de sécurité. Lui, il n'était pas en pause: nous surveiller l'emporte sur nous servir, chez Intermarché.

 

Et voilà pourquoi l'excellent boucher Foulet, de Pézilla, m'a paré une très belle entrecôte de l'Aubrac, tandis que sa voisine Marie, la vendeuse de primeurs, m'a vendu trois tomates anciennes et de quoi faire, moyennant épluchage, tranchage et séchage, de croustillantes frites, au blanc de boeuf made in Belgium.

 

Dans les grandes surfaces, n'y allez pas ! 

On se fout de vous et on vous entube.

 

 

 

 

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