ILE-DE-FRANCE CONNECTION

Coteau typique, hors-les-murs d'une "ville de foires"
Coteau typique, hors-les-murs d'une "ville de foires"

Dans sa chronique du 27/10/2014,

aujourd'hui donc,

date de la Sainte Emeline, mon frère préciserait à juste titre qu'il s'agit d'un lundi,

Jacques Berthomeau,

alias "Le Taulier",

revient sur un sujet qu'il traite régulièrement, souhaitant sans doute remplir une page blanche* : les vignes en Île-de-France.

 

*: cherchez, il y a une saillie d'humour

 

Vous vous doutez bien que Léon est adversaire de la limitation du droit de planter la vigne, estimant que le consommateur fera la part des choses: là où le vin est bon, ou tout le moins là où il lui plaît, il n'y a pas de raison pour empêcher d'en élaborer. Beaucoup d"endroits ne feront pas bien pire que le fameux "Clos de Vougeot", pour ne citer qu'un exemple. Attention, j'insiste sur le fait que les contraintes, non pas d'appellation, qui sont artificielles et librement consenties, mais de type sanitaire, hygiénique, écologique ... etc doivent bien entendu être observées. Il ne s'agit pas de faire "n'importe quoi", mais bien "n'importe où". 

 

Je reviens sur une expérience récente - "du vécu, coco" - qui met en scène des protagonistes que les habitués de mes lignes connaissent. Mais comme je suis passé sur FB, par Christine interposée, cela vaut la peine de les rendre publics pour que "le plus grand nombre" en profite. Ce "plus grand nombre", dans mon cas, ce sera une poignée de lecteurs !

 

Alors rédacteur occasionnel, d'occasion car un peu larron et pas de première main, à la revue In Vino Veritas, j'avais eu à prendre connaissance, et ensuite à commenter, le rapport d'un attaché au cabinet des ministres - socialistes - de l'agriculture, proche qui plus est de Michel Rocard, un des rares politiciens français qui me paraissait intéressant. Il s'agissait d'un certain Berthomeau, et il donnait des idées non pas révolutionnaires mais sensées et à contre-courant concernant ce qu'il conviendrait de faire pour maintenir et développer les débouchés de la viticulture française. On pouvait à l'époque lui reprocher, mais il était proche du pouvoir, dont c'est le rôle, de vouloir concilier deux extrêmes: maintenir à la fois une certaine qualité dans la production et un nombre maximum d'emplois dans le secteur. Bref, le "rapport Berthomeau" était né. 

 

Quand je me suis mis à tâter de la blogosphère, j'ai rapidement découvert son "espace de liberté" et m'y suis découvert de nombreuses affinités aussi. De là, je suis devenu un assidu, pas un affidé, au point qu'il me donne parfois la parole, que nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, qu'il me sermonne aussi quand ses opinions trop tranchées ne concordent pas avec les miennes - c'est toujours lui qui a tort, ceci dit en passant - qui sont, elles, toujours frappées par la poire de coing du bon sang

 

Et il m'a présenté, par blog interposé, un ingénieur semblant afficher à la fois intelligence (c'est fréquent dans cette qualification), humour (ça, c'est rarissime), ouverture d'esprit (il est libertaire dans l'âme), générosité (pour un Français !!!!) et ... un petit quelque chose de plus. Nous sommes devenus amis. 

 

Et ce même Denis, c'est son prénom, a fait déguster un de mes vins, non le moindre (La Loute), à un élu francilien, agriculteur, homme de théâtre (il joue parfois les utilités sur des scènes d'amateurs, décrochant même quelquefois un petit rôle à part entière), intermittent de la restauration, moutardier enthousiaste, éleveur de races à viande (subventionnées), charmeur et d'un contact irrésistible. Je parle de la sympathie qu'il déclenche immédiatement, pas de la douceur mentholée de sa peau. J'oubliais, il est l'hyperactif type, ce qui n'est pas fait pour me déplaire. Je pense qu'il ne mettra plus longtemps pour attendre la cinquantaine et il a déjà compris que chaque jour passé sans une réalisation marquante est une journée perdue dans une vie d'homme. Bien sûr, on peut aussi compter ses trimestres, téléphoner à la CRAM pour "ouvrir des droits" et attendre que la retraite sonne, le bonheur du Gaulois, béret basque, baguette sous le bras. Pas notre truc, ni à lui, ni à moi. 

 

Et il milite, comme Denis qui possède des plants de baco noir, un hybride de V. vinifera (folle blanche) x V. riparia, mi-Frenchie, mi-Yankee, pour la reconnaissance d'un vignoble d'appellation en Île-de-France. Chez Denis, la vigne pousse contre un mûr de son jardin dans l'Essone. Pour Patrice, c'est son nom, il vient de la planter sur un coteau - où elle poussait jadis - à Blunay, en pleine Brie champenoise.

 

En attendant, il a vinifié en gentleman-winemaker les raisins de la vigne en contrebas de la Tour César à Provins, où habite son amie, la délicieuse guide des monuments de cette ville, ainsi que quelques grappes provenant de chez ses amis, dont du muscat de Hambourg (parfois orthographié Hombourg), un raisin de table qui voit ici la cuve. Il se fait la main, teste son matériel et entame sa collaboration avec un oenologue local (exerçant en Champagne si j'ai bien compris) qui lui fournit une partie du matos. J'ai ainsi découvert une ingénieuse "presse à marc" de petit volume. Une baudruche épaisse est reliée à l'eau de distribution, qui peut générer une pression allant jusqu'à 3 bars paraît-il (?). On dresse autour d'elle un cylindre en acier inoxydable percé de trous d'écoulement et le tout siège sur un bâti-réceptacle avec une gouttière et un bec-verseur. Il ne s'agit pas d'un chas, cette gouttière n'en a pas ! J'ai pu voir le marc résiduel après pressurage : il ne forme pas de "galettes" ni de "boulets" mais n'en ressort pas archi-sec non plus. Quid des rebêches" ? 

 

Mon corollaire: pourquoi certaines mairies - en région parisienne - subventionnent-elles la renaissance d'un vignoble sur leur finage ? Je ne vois pas l'utilité pour la communauté à dépenser ainsi l'argent public. Par contre, pourquoi restreindre la volonté de particuliers, professionnels ou amateurs, qui relancent à leurs frais cette activité?

 

Vous sentez chez moi poindre un soupçon d'admiration,

et une grande connivence,

envers cet éleveur-moutardier-vigneron-oenophile:

Go, go, go, Patrice B. Goode ! 

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    Denis Boireau (lundi, 27 octobre 2014 11:35)

    A la question des subventions municipales a certaines vignes d'Ile de France, la reponse est simple: interet pour la communaute. Selon les cas les interets suivants se combinent: historique, culturel, paysager, educatif, ecologique, touristique. Et j'en oublie surement!

  • #2

    Luc Charlier (lundi, 27 octobre 2014 12:14)

    D'accord Denis. Ma restriction concernait un intérêt "économique" direct. En période de vache maigre, les subventions allant au "folklore" (sens large) sont discutables. Idem pour les guirlandes de Noël.