ÇOK GÜZEL  &  ÇOK KÖTÜ

Nous l'avons acheté au

bazaar d'Izmir, mon frère

et moi, en août 1974.

Mon péritoine commençait à se remplir - à mon insu - du pus généré par une espèce du genre Ristella,

 un Bacteroides en fait. 

 

 

Il me semble que le manche serait en buis. C'est moi qui ai passé une couche de vernis glycérophtalique, protecteur comme vous pouvez le remarquer. Le manche est simplement creusé de deux encoches longitudinales, qui permettent à la double lame de rentrer. Un cercle de métal, fendu lui aussi, sert de "mitre de tête" et c'est un rivet qui maintient le tout, depuis 40 ans, par simple friction. Il n'existe aucun mécanisme ni ressort. La petite lame est effilée, très, et a maintenu son tranchant depuis lors. La grande lame recourbée est dentelée, et servait à tout le monde pour couper le pain. 

 

Ce fameux pain turc, le pide, enrichi de yaourt, ou encore des recettes un peu plus élaborée (bazlava etc ...), nous en avons enfourné des miches et des miches, au cours d'un séjour de près de trois semaines, en routards. J'allais avoir 18 ans et Thierry en comptait 16 et demi. Sac sur le dos, soleil dans nos coeurs, nous alllions de "mocamp" en "mocamp", forts d'un sauf-conduit émis par M. Siva (pour Sivaciyan) afin de nous procurer l'hébergement gratuit. Nous le devions à un attaché culturel de l'ambassade de Turquie à Bruxelles, M. Çolpan, un ami de mon père.

 

Je l'avais rencontré une fois, mais me souviens surtout de son épouse, une femme splendide au profil busqué et aux yeux foncés resplendissants. On me dit que leur fille est encore plus magnifique que sa maman. Malheureusement, un commando terroriste ayant fait une razzia sur la chancellerie l'a tué d'une rafale de Kalaschnikov peu de temps après, "dommage collatéral" d'un combat qui n'était pas le sien.

 

Récemment, sur la page FB (pffff!) d'un ami commun qui "dilavérité", un certain M. Özbey a posté: çok güzel, et cela m'a rappelé des souvenirs. Cette expression, qui traduit à peu près - la distinction en plus - le "fucking good" des anglophones ou le "trop grave, eûûû" des djeuns, nous l'avons entendue des milliers de fois.

 

Par contre, lorsque mon frère enlevait ses chausseurs malodorantes - la route, ça puire - dans les autocars qui nous ont fait faire des centaines de kilomètres en Asie Mineure, on nous disait souvent "çok kötü", que nous comprenions comme "tchocouque".

 

On avait bien saisi qu'il s'agissait de l'expression d'une désapprobation ! 

 

 


PS: On m'apprend post hoc et de source sûre que "M. Özbey" est en fait une adorable jeune                femme. Je ne connais pas le genre des prénoms turcs, mille excuses !

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Dilavér'ité (dimanche, 14 décembre 2014 17:28)

    Je confirme que sa fille était une splendeur. M Çolpan était contemporain à mon père.
    Quant à M Özbey, il est en fait une très belle mademoiselle. Mme sied donc mieux que M ;-)